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Biblio-Infinie

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  • : Un blog destiné à faire partager mes lectures. Plongée dans une bibliothèque infinie... Romans, essais, livres d'histoire, économie, philosophie,...
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C'est quoi ce blog?

Biblio-infinie, un micro blog sans prétention aucune (comme le titre l'indique si bien)... et où je commenterai sans compromission ce que je lis! Fonctionne en courant alternatif selon mes disponibilités (je ne commente en fait que quelques lectures, choisies selon des critères complètement aléatoires et variables).

Littérature, histoire, essais, bref des recensions au fil des lectures... Peu de place cependant au buzz  et aux sorties à la mode. Il existe suffisamment de promoteurs dans les médias pour que je n'agglutine pas ma voix au concert des épiciers.

Place aux avis d'un citoyen aspirant "honnête homme" (c'est moi!), pur produit de notre beau système universitaire français qui fonctionne si bien, que le monde entier nous envie, qui forme tant de grands esprits et tout, et tout, et tout...

Bonne lecture!

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19 novembre 2007 1 19 /11 /novembre /2007 23:41
Robert Louis Stevenson, qui n'a strictement aucun rapport avec cette recension, écrivant à un jeune homme désireux de se lancer dans la carrière des lettres, évoqua le caractère stupéfiant et abrutissant du travail. Et la difficulté pour tout un chacun de lui résister et de conserver suffisamment d'énergie physique et mentale pour réaliser ce qui compte vraiment au fond. Je ne suis pas encore assommé par le travail, mais parfois je m'en approche. Cependant, je garde chevillée au coeur la foi en la capacité rédemptrice de l'activité intellectuelle, quelle qu'elle soit. Et je ne m'agenouillerai pas devant les exigences robotisées de ma profession. Conscience professionnelle certes, mais conscience avant tout. Conscience des aspirations qui sont miennes et qui me portent à développer ma curiosité dans de nombreux domaines. Evidemment, ce n'est que la vaine résistance d'un autodidacte qui trouve dans la connaissance et la curiosité les moyens de pallier l'incroyable désintérêt qu'il éprouve envers des pans entiers de sa vie... Hum! Tout cela ne concerne guère l'éventuel lecteur. Ce site n'est pas un skyblog, donc revenons au sujet, un opuscule péniblement lu début octobre.

Umberto Eco raconta un jour qu'il s'était rendu compte d'une chose étrange. Dès que quelqu'un plaçait l'assassinat de Kennedy et les Templiers dans une explication historique, il s'agissait d'une théorie du complot, synonyme de paranoïa et de fonctionnement cérébral pathologique. L'essor d'internet a démocratisé ce genre d'approches depuis quelques années. Entre les lignées d'ADN lézard de David Icke, les délires de Thierry Meyssan, le trésor de Rennes-le-château, la trilatérale, les skull & bones, le champ d'exploration de tout apprenti découvreur de complot est vaste et fertile.



Pourtant prometteur,...

Cette mode, que X-Files avant-hier ou Dan Brown hier exploitèrent, méritait bien une analyse poussée de ses ressorts sociaux, psychologiques et politiques. Véronique Campion-Vincent, auteur d'ouvrages sur les légendes urbaines s'est essayée à pousser la porte du monde fascinant de la paranoïa individuelle et surtout collective...

Et c'est raté. Dommage. Car le projet aurait vraiment pu être passionnant. En 150 pages, avec de nombreuses références à internet, beaucoup d'exemples mais très peu d'analyses, je suis resté sur ma faim. Les délires de David Icke ou la réfutation de la légende de l'abbé Saunières sont les meilleurs passages d'un livre qui en compte peu. Car ils n'éclairent que fugacement un bien terne paysage. Là où on aurait voulu mieux comprendre les mécanismes d'apparition, de développement et de disparition de ces mythologies contemporaines, l'auteur se complait dans la compilation des différentes théories. Citant d'abondantes sources du réseau mondial, elle les collationne telle un wikipédiste amateur. Parfois, quelques traits saillants, quelques pistes de compréhension entr'aperçues, mais le plus souvent une morne description des plus connus des complots.

Une monographie sur ce thème se devait d'aborder les quelques exemples les plus marquants, mais également de les expliquer, voire de les décortiquer jusqu'à ce que leurs ressorts cachés apparaissent au lecteur. Le ton hésite sans cesse entre ironie moqueuse et admiration à peine dissimulée : la capacité imaginative de certains découvreurs-inventeurs de complots est certes admirable, mais elle ne révèle rien ni des mécanismes qui irriguent leurs théories, ni du terreau dans lequel celles-ci se développent. Le défaut de ce livre est probablement son manque d'esprit critique envers certaines théories du complot. Ne pas mépriser son sujet d'étude est une chose, lui complaire en est un autre...

Au niveau analyse, Véronique Campion-Vincent estime que l'hyper scientifisation de notre société appelle le retour à une causalité totale et mystérieuse des ressorts de notre existence, aux limites de la foi, qui permette à l'individu de se réapproprier son rapport au monde. Thématique déjà abordée dans son ouvrage sur les légendes urbaines, bien plus intéressant. Seulement, de ce qui aurait pu constituer le coeur d'une analyse poussée et acérée, elle ne fait qu'une banale conclusion peu etayée. Le caractère mini-encyclopédie des savoirs option "complot" de ce petit livre ne mérite pas qu'on s'y arrête plus d'une soirée. Le plus intéressant peut-être se situe dans les sources, qui permettront au lecteur intéressé de naviguer au plus près des psychoses collectives contemporaines, sans malheureusement disposer des clés d'entrée pour les comprendre et les analyser.

Véronique Campion-Vincent n'a cherché qu'à décrire. Seulement, dans cet exercice, c'est beaucoup trop court. Si je voulais être mauvaise langue, je dirais cependant qu'au vu de la portée et la profondeur de ses analyses, c'est déjà trop long.

Dommage, car son livre sur les légendes urbaines valait un petit détour. Essai manqué!
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