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Biblio-Infinie

  • : biblio-infinie
  • : Un blog destiné à faire partager mes lectures. Plongée dans une bibliothèque infinie... Romans, essais, livres d'histoire, économie, philosophie,...
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C'est quoi ce blog?

Biblio-infinie, un micro blog sans prétention aucune (comme le titre l'indique si bien)... et où je commenterai sans compromission ce que je lis! Fonctionne en courant alternatif selon mes disponibilités (je ne commente en fait que quelques lectures, choisies selon des critères complètement aléatoires et variables).

Littérature, histoire, essais, bref des recensions au fil des lectures... Peu de place cependant au buzz  et aux sorties à la mode. Il existe suffisamment de promoteurs dans les médias pour que je n'agglutine pas ma voix au concert des épiciers.

Place aux avis d'un citoyen aspirant "honnête homme" (c'est moi!), pur produit de notre beau système universitaire français qui fonctionne si bien, que le monde entier nous envie, qui forme tant de grands esprits et tout, et tout, et tout...

Bonne lecture!

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4 janvier 2009 7 04 /01 /janvier /2009 00:07
Parce que mon assiduité ici fait défaut, parce que c'est le temps des résolutions, parce que 2009 finit par un neuf, et pour plein d'autres raisons absurdes ou sérieuses, j''ai quand même décidé de revenir, pour rédiger mon petit palmarès 2008...
J'ai la mauvaise manie de noter (avec des étoiles en plus, comme dans un vulgaire guide de boustifaille) les bouquins que je lis, mais ça a l'avantage, à la fin d'une année, de permettre, en un rapide coup d'oeil de retrouver les bonnes et les mauvaises surprises...

Ce que j'ai aimé particulièrement

Romans

Le coeur est un chasseur solitaire de Carson McCullers : le récit de la rencontre et de la coexistence de quatre personnages solitaires au fin fond d'une ville du vieux sud. Quelques espoirs, puis l'inexorable enlisement. Incapables de se trouver, de se comprendre, de communiquer. L'idéalisme et les espoirs se fracassant sur la réalité du monde. La parenthèse vite refermée d'une vie libre et humaine... la fuite ou l'empâtement comme seules perspectives. Pour une jeune fille de 21 ans, je trouve l'ensemble merveilleux d'équilibre, de maturité, de perspicacité et de poésie.


Carson McCullers

Le guépard de Tomasi di Lampedusa : l'unique roman d'un aristocrate sicilien qui jette sur l'histoire d'une famille et de sa déchéance, un regard ironique et pessimiste. Une langue splendide, très adaptée à la luxuriance sicilienne sert habilement les huit scènes du roman. Il faut que tout change pour que rien ne change...
Et après avoir visionné le film de Visconti tiré du livre, je maintiens que le roman est d'une rare profondeur pour ses 300 et quelques pages.

U.S.A. de John Dos Passos : je n'ai pas encore lu le 3e volet de la trilogie. L'histoire de 30 années d'Amérique, vu par des dizaines de personnages. Leurs espoirs de changer le monde ou de trouver leur place (Le 42e parallèle), la guerre de 17-18 et l'inexorable consentement au monde (1919) puis le délire matérialiste des roaring twenties (La Grosse Galette). Malgré quelques répétitions stylistiques (dues aux choix "d'avant-garde" pour les passages dits "Oeil Caméra" - sans ponctuation, on a fait mieux depuis - et "Actualités" - collage astucieux de grands titres de presse, sans hiérarchie - ), et un certain formalisme, Dos Passos parvient à raconter l'Amérique. Les voix sont multiples. Le roman expérimental, choral, mais lisible. Et par dessus tout, ces mini biographies des "hommes illustres" qui, en alignant les faits, les contradictions et les péripéties de la vie d'une trentaine d'américains parviennent à brosser des tableaux d'une grande intensité (Wilson, Morgan, T.Roosevelt sont extraordinaires, le soldat inconnu aussi). Une grande réussite à qui il manque peut-être un peu d'âme.


Histoire

D'Alexandre à Actium de Peter Green : j'avais fait une note sur ce blog. Pour résumer, l'histoire du monde hellénistique (et pas seulement l'histoire des batailles et des princes) vues par un historien de grande qualité : écriture soignée, sens de l'équilibre, recul et ironie comprise. De Pergame à Cynoscéphales, de Pydna à Séleucie, le récit de trois siècles d'histoire politique, économique, culturelle et intellectuelle. Passionnant et dense



URSS : Histoire du pouvoir 2 tomes de Rudolf Pikhoia : l'une des sorties les plus ignorées de l'année en histoire. Et c'est totalement injuste, notamment pour le premier tome. L'ancien directeur des archives russes plonge dans les entrailles des compte-rendus de politburo, praesidium et autres conseils des ministres de l'Union pour en tirer le récit de 45 ans d'après-guerre.


Alors que toutes les histoires laissent une petite place à Khrouchtchev et encore moins à Brejnev, Pikhoia commence lui son récit bien après les autres, en 1945. Il raconte l'élimination des dauphins de Staline (Kuznetsov, Voznessenski), la disgrâce de Joukov, la troïka de 53-56, l'exécution de Beria, Budapest, le pouvoir Krouchtchévien, son élimination, les réformes économiques de l'avant printemps 68, le raidissement de la nomenklatura, la Pologne, Gorbatchev, Eltsine, les tensions nationales, le déclin économique, etc... On peut difficilement faire plus complet en français sur les années 60 et 70. Quelques anecdotes donnent des couleurs à l'ensemble.
Dense, aride, hautement aride, mais un livre de référence sur l'après-Staline.



Sciences

La génétique des populations de Luca Cavalli-Sforza : le récit de toute une vie de recherche. D'où venons nous, quand sommes nous arrivés ici, qu'est-ce que "l'Eve africaine", comment les langues et les gènes mutent-ils, etc... Une passionnante histoire d'un champ de recherches par celui qui l'a - en partie - fondé. Vulgarisateur, il a cherché à rendre ses recherches accessibles au plus grand nombre (quitte à ne pas rentrer dans tous les détails), au principe que la science doit aller vers le commun. On regrettera uniquement les longues digressions pseudo-philosophiques de la fin qui n'apportent rien et qui dénotent surtout la naïveté de l'auteur dans ce qui dépasse son champ de compétences.

L'odyssée de l'évolution de Denis Buican : une bonne synthèse de l'histoire des théories évolutionnistes, bien présentée, bien écrite, sans trop de détails, mais avec suffisamment de précisions pour le lecteur néophyte.

Divers

Le XIXe siècle à travers les âges de Philippe Muray : incroyablement dense, l'ouvrage de Muray tend à relier le socialisme progressiste du XIXe et la religion en en montrant les connexions inattendues. Le progressisme rationaliste la main dans la main avec des croyances occultes et irrationnelles. Obscur parfois, le livre de Muray ne laisse pas indifférent. Et les fulgurances sur Flaubert, Zola méritent le détour. Tout comme certaines expressions que forge Muray sur un ton mi ironique mi pamphlétaire.


Philippe Muray


A lire à l'occasion

Les tragédies romaines de Shakespeare : Coriolan est horripilant, Titus Andronicus est un bain de sang quasi comique, mais Jules César est traversé par le sublime Brutus et la destinée de Marc Antoine se noue autour de Cléopâtre et devient instantanément un des mythes les plus évocateurs du monde antique ;

Lincoln de Stephen Oates : une bonne synthèse sur le président Lincoln, son ascension et son mandat marqué par la guerre de sécession ;

Sur l'histoire de K.Pomian : les enjeux de l'analyse historique par une série d'articles ;

La littérature nazie en Amérique de Roberto Bolano : une incroyable galerie de biographies personnages imaginaires ayant tous en commun la littérature, l'amérique et... le IIIe Reich ;

Esquisse d'une histoire universelle de Jean Baechler: dense et informé, un essai sur l'histoire humaine depuis les temps reculés ;

Weimar de Peter Gay : comment meurt une république, abandonnée, voire jamais soutenue par ses élites naturelles ;

La littérature à l'estomac de Pierre Jourde : parce qu'il démolit jouissivement Angot, Sollers et toute une littérature germano-narcissique ;

Cosa Nostra de John Dickie : la mafia sicilienne vue par un historien qui en ressort quelques moments clés : une tentative de plonger dans ce qui ne laisse en principe guère de sources historiques complètes et fiables... méritoire ;

Le jeune Staline de Simon Sebag Montefiore : même si la traduction et la construction du livre ne sont pas toujours à la hauteur, on pourra toujours louer le courage de Montefiore, plongé depuis plus de 15 ans dans la vie de Staline et auteur il y a quelques années de l'excellentissime A la cour du Tsar Rouge. Ici, une mise au point sur les années de jeunesse d'un ex-séminariste devenu gangster puis exilé sibérien, avant d'accéder au premiers cercles du pouvoir soviétique.

Des bibliothèques pleines de fantômes de Jacques Bonnet : l'amour des livres vu avec beaucoup d'ironie ou comment survivre quand on a la manie d'emplir ses bibliothèques ;

Péguy d'Arnauld Teyssier : une biographie informée à défaut d'être dense ;

Cortès de Christian Duverger : un portrait équilibré qui replace avec justesse Cortès dans le paysage méso-américain ;

Magellan de Zweig : la première circumnavigation avec le style ;

Histoire du royaume latin de Jérusalem de Josuah Prawer : immense mais fascinant, factuel mais tellement étendu ;



A ne surtout pas lire...


Le siècle d'Einstein de Laurent Lemire
Laurent Lemire n'est pas un scientifique. Ou en tout cas pas suffisamment pour aider son lecteur à appréhender la révolution einsteinienne en physique. Du coup, il fait diversion, multiplie les références idiotes et sans intérêt, se complait dans un namedropping absurde. Le style se veut alerte, il est abrupt ; Lemire multiplie les références, elles ne constituent qu'un épais bouillon de culture (au plus mauvais sens du terme) - il ne suffit pas de citer un nom pour expliquer - ; les connaissances scientifiques sont censées être maîtrisées, mais Lemire les évacue soigneusement au profit d'évocations sans intérêt du surréalisme et de l'art contemporain. Lemire voulait replacer Einstein dans l'effervescence intellectuelle de son temps, il ne fait que caricaturer une époque dans des semblants d'explications.
Et bien sûr, le mythique "Il n'est pas libre Max" en référence à Max Planck...
Le détritus suprême du journalisme de recopiage d'aujourd'hui.


En vrac de ce qu'il faut éviter, au-delà de l'étron d'or décerné à M. Lemire...

L'étrange voyage de Rudolf Hess, parce que deux sources ne font pas un bon bouquin ;

Jaurès de Jean-Pierre Rioux, une hagiographie sans recul ;

La puissance et la faiblesse de Robert Kagan, parce que son célèbre article "les américains viennent de Mars, les européens de vénus" suffisait ;

Ibsen de Jacques de Decker, qui ne parvient pas à aborder  réellement le contenu de l'oeuvre, restant au stade superficiel de la biographie, pièce par pièce, étape par étape. Il manque sa synthèse pour faire paradoxalement de son opuscule un livre trop long et trop superficiel ;

Moralement correct de Jean Sévillia, oeuvre de commande pour conservateurs en mal d'exécration ;

Goebbels de Lionel Richard, arrogant, jésuitique, pédant, auteur des mêmes dérives dont il taxe les autres historiens. Inutile malgré quelques ambitions de mise au point sur la vie du propagandiste du IIIe Reich. Etrange de voir Lionel Richard se battre contre une inexistante et improbable réhabilitation du boîteux.

Il y eut bien d'autres livres, mais je crois que ce sont ceux-là qui, en bien comme en mal, se sont distingués.

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commentaires

B
Quitte à lire une hagiographie de Jaures, celle de Guillemin a au moins le mérite d'être bien écrite
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