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Biblio-Infinie

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  • : Un blog destiné à faire partager mes lectures. Plongée dans une bibliothèque infinie... Romans, essais, livres d'histoire, économie, philosophie,...
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C'est quoi ce blog?

Biblio-infinie, un micro blog sans prétention aucune (comme le titre l'indique si bien)... et où je commenterai sans compromission ce que je lis! Fonctionne en courant alternatif selon mes disponibilités (je ne commente en fait que quelques lectures, choisies selon des critères complètement aléatoires et variables).

Littérature, histoire, essais, bref des recensions au fil des lectures... Peu de place cependant au buzz  et aux sorties à la mode. Il existe suffisamment de promoteurs dans les médias pour que je n'agglutine pas ma voix au concert des épiciers.

Place aux avis d'un citoyen aspirant "honnête homme" (c'est moi!), pur produit de notre beau système universitaire français qui fonctionne si bien, que le monde entier nous envie, qui forme tant de grands esprits et tout, et tout, et tout...

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26 novembre 2007 1 26 /11 /novembre /2007 00:59
Chaque lecteur possède en son for intérieur un panthéon et un enfer, des lieux où il élève ou rabaisse en toute liberté tel et tel écrivain. Un tel haïra ce qu'un autre révèrera. Je suis par exemple un lecteur passionné de Joseph Conrad, que je tiens comme un des maîtres du roman moderne, un adorateur de Selma Lägerlof et de la magie qu'elle distilla dans ses romans, un grand admirateur de Saramago, de Borges ou de Tolstoï. Par contre, pas moyen de me faire rentrer dans les romans d'Emile Zola, impossible de supporter la prose d'Angot, incapacité complète de lire sans m'endormir les "romans" de KS.Robinson. Nous avons des goûts qui parfois ont peu à voir avec la respectabilité supposée des auteurs. Certains livres ont été écrits pour nous, quelques pages, parfois quelques lignes suffisent. Le coeur est touché. La conscience s'élève. L'émotion saisit. D'autres ouvrages n'ont visiblement rien à faire dans notre bibliothèque : affliction, ennui, répulsion,...
Le petit voyage au coeur des goûts littéraires d'un individu, à fortiori académicien, écrivain et critique, Dominique Fernandez, amoureux de l'Italie nous le propose ici.


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Première remarque, si c'est là le livre d'un adacémicien français, nul académisme pesant ici, pas de théories illisibles, pleines de labilité et d'intertextualité. Seul compte le plaisir de l'amateur... et quand même, quelques réflexions supplémentaires sur l'art du roman et de la fiction. Un peu comme Charles Danzig, et son dictionnaire fort subjectif de la littérature française, Fernandez ne fait pas oeuvre de systématisme, de neutralité et d'exhaustivité. Dès les premières pages, on comprend que le critique ne partage guère les modes et les idées des doctrinaires de la littérature contemporaine. Opposé radicalement à la littérature égotiste et narcissique qui emplit les rayons des librairies françaises depuis des années, il cherche ici à nous guider parmi les auteurs et les romans qui comptent à ses yeux. Contre une littérature asphyxiée, celle de Borges et de Valéry, contre une littérature de l'autofiction, celle d'Angot et de Beigbeder, Fernandez trace un chemin dans l'immense champ de la littérature française, européenne et mondiale.

L'ouvrage se partage en deux parties: la première, centrée sur la conception fernandezienne de la fiction, la seconde traitant, dans des chapitres de taille inégale, des auteurs qui ont retenu l'attention du critique. Selon lui, la littérature qui compte - et qui a été injustement jetée aux oubliettes - est celle des conteurs, de ceux qui créent d'après les potentialités de leur personnalité des personnages crédibles. Une littérature riche, vivante, animée, pleine d'action et d'aventures, dans laquelle le lecteur trouve à la fois la patte de l'auteur et des réponses à ses propres interrogations. A celle-ci s'oppose une littérature fermée, égoïste, arc-boutée sur ses contraintes stylistiques, agonisante à force de ne plus se concentrer que sur sa propre forme. En bref, Stendhal ou Flaubert! La vie, riche de toutes les possibilités de l'être, pleine des aventures potentielles des destinées de chacun contre le désert stérile et mortifère des auteurs de la modernité.


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Stendhal ou Flaubert?
Fernandez a choisi le moins moustachu des deux!


Je schématise. Fernandez est plus fin que moi. Il dispose de plsu de place, de plus de temps. Mais en substance, il oppose la recherche de la fiction romanesque d'un Tolstoï, d'un Stevenson, d'un Conrad à l'égocentrisme de Proust, au formalisme de Flaubert, aux recherches formelles du nouveau roman (rarement évoqué, mais présent en filigrane). Réhabiliter Dumas, ressuciter Dickens aux dépens de Faulkner ou de Joyce, voilà l'un des objectifs du livre. La liste des auteurs évoqués est longue, mais je voudrais quand même remercier Fernandez d'avoir su en quelques pages parler si bien d'Herman Melville, de Daniel Defoe et de Martin du Gard... Surprenante évocation également de Maurice Dekobra, de Gustave Aimard et d'Erskine Caldwell, pour le moins oubliés de nos jours.

Je m'étonne même d'ailleurs qu'il n'ait ressorti d'autres auteurs français complètement oubliés, dont le XIXe siècle est rempli (Ernest Capendu par exemple, qui n'a même pas l'honneur d'être wikipédié, sûrement un oubli des listeurs professionnels...)

Le lecteur s'irritera parfois des oukases de Dominique Fernandez, de son rejet de tel ou tel. Mais l'objectif de ce livre est ailleurs : faire partager, dans une seconde partie plus importante que la première, les auteurs à découvrir ou redécouvrir. Ces auteurs que Fernandez a aimé. Certains se voient gratifiés d'un chapitre très long, d'une analyse plus poussée (Stendhal, Simenon ou Kundera), d'autres sont simplement sortis de l'oubli en quelques pages (Aimard, Istrati, Perutz), d'autres enfin ne sont mis en exergue que pour l'exposé des limites de leur oeuvre (Larbaud, Gide et en moindre mesure Thomas Mann).

Ce parcours éminemment subjectif et partial n'a d'autre vocation que de faire découvrir et redécouvrir, au-delà des théories littéraires, des écrivains marquants et qui méritent le détour du lecteur. J'ai trouvé l'entreprise plutôt réussie, même si un soupçon d'homogénéité supplémentaire dans les présentations n'aurait pas été une si mauvaise idée. Je n'entrerai pas dans le débat de savoir si certains écrivains sont injustement traités ici. Après tout, ce n'est qu'un guide partiel et partial, pas une encyclopédie (je continuerai à apprécier Borges quand même!). J'ai donc apprécié l'entreprise à sa juste valeur, comme le témoignage des goûts littéraires d'un critique et romancier. Rien de plus. Rien de moins. 
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commentaires

C
 A te lire, moi qui aime la litérature du "réalisme magique" (Eco, Calvino, Saramago, Kundera, Barrico, Rushdie, etc...), je pense que je m'entendrais avec Mr Fernandez. :Dhttp://en.wikipedia.org/wiki/Magic_realism;)  Cat
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