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Biblio-Infinie

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  • : Un blog destiné à faire partager mes lectures. Plongée dans une bibliothèque infinie... Romans, essais, livres d'histoire, économie, philosophie,...
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C'est quoi ce blog?

Biblio-infinie, un micro blog sans prétention aucune (comme le titre l'indique si bien)... et où je commenterai sans compromission ce que je lis! Fonctionne en courant alternatif selon mes disponibilités (je ne commente en fait que quelques lectures, choisies selon des critères complètement aléatoires et variables).

Littérature, histoire, essais, bref des recensions au fil des lectures... Peu de place cependant au buzz  et aux sorties à la mode. Il existe suffisamment de promoteurs dans les médias pour que je n'agglutine pas ma voix au concert des épiciers.

Place aux avis d'un citoyen aspirant "honnête homme" (c'est moi!), pur produit de notre beau système universitaire français qui fonctionne si bien, que le monde entier nous envie, qui forme tant de grands esprits et tout, et tout, et tout...

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25 avril 2007 3 25 /04 /avril /2007 18:14
Et si nous avions une femme à la tête de l'Etat? Une question fort à la mode ces temps-ci dans notre pays. La seule à avoir eu un poste extrêmement en vue fut Edith Cresson, ce qui ne reste pas dans les mémoires françaises comme une réussite particulière. Avec Angela Merkel chancelière en Allemagne, ou Hilary Clinton en lutte pour la Présidence des Etats-Unis, la question des femmes au sommet des Etats n'en prend que plus de consistance. Certains, pour en défendre l'idée, arguent d'une supériorité des valeurs féminines dans les sociétés occidentales modernes : compassion, maternité, consensus, protection, douceur...

Au risque de paraître rabat-joie, et sans revenir à Catherine II ou à Elizabeth Ière, les historiens pourront rappeler que la première femme à avoir tenu les rênes d'un grand pays occidental fut Margaret Thatcher, Prime minister du Royaume-Uni entre 1979 et 1990. L'imaginaire collectif français, marqué par la chanson de Renaud "Miss Maggie", par les conseils européens des années 80 et par le retour de flamme des idées libérales, n'a sûrement pas gardé l'image d'une femme pleine de compassion, maternante, consensuelle, protectrice et douce! Margaret Thatcher fut, selon les bons mots d'un parlementaire britannique, le "seul homme de son cabinet". Depuis qu'elle a été chassée du 10 Downing Street par une fronde de ses députés, dix-sept ans se sont écoulés. De quoi laisser l'historien avancer en lieu et place des journalistes, englués dans l'écume des petites anecdotes du quotidien. Jean-Louis Thiériot vient donc de faire publier, aux Editions de Fallois, la première vraie biographie de la "Dame de Fer" (expression imaginée par le journal de l'Armée Rouge et qui finit par la qualifier aux yeux du monde entier) Qui était donc cette Miss Maggie, antithèse vivante des préjugés sur le bénéfice naturel qu'apportent les femmes à la pratique du pouvoir?



La dame de Fer


Née dans un milieu relativement bas dans la société britannique, Mrs Thatcher, ou plutôt Margaret Roberts - son nom de jeune fille -, détonne dans l'histoire du parti conservateur, habitué à placer aux dignités les plus hautes les étoniens, les oxfordiens, souvent issus des anciennes races arisitocratiques. Son père était épicier, monté à la force du poignet jusqu'à de modestes responsabilités politiques locales. Sa mère descendait d'une famille de cheminots. Après une enfance sans problèmes particuliers, elle parvint, de justesse, à intégrer un college d'Oxford et se spécialisa en chimie. En parallèle, elle intégra les groupes conservateurs de l'université où elle fit preuve d'une grande capacité de travail et d'organisation. Dans l'immédiat après-guerre, alors que le parti conservateur cherchait quelques femmes à opposer aux travaillistes, Miss Roberts se fit repérer. Son mariage avec Denis Thatcher, businessman à l'ancienne, lui donna l'impulsion suffisante pour se lancer définitivement en politique. Après deux échecs honorables dans des circonscriptions ingagnables pour les tories, elle parvint à se faire adouber à Finchley et à devenir députée. Nous sommes en 1959. Vingt ans plus tard, elle accéderait au 10 Downing Street.

A la Chambre des communes, rapidement, Thatcher devient une des oratrices en vue de l'aile droite. Le temps n'est pas encore advenu du monétarisme, des privatisations et de la politique thatchérienne. En bon soldat, elle dénonce la politique travailliste mais ne se distingue pas par une théorie, une voie bien particulière. Ce sera un processus particulièrement long. D'abord, elle intégrera le shadow cabinet, et de ce premier banc, se plongera dans la législation travailliste pour la combattre. Placée à diverses positions gouvernementales par les conservateurs, elle se fixe sur l'éducation au moment où Edward Heath, le candidat conservateur, devient Premier ministre. Propulsée à la tête d'une administration particulièrement étatisée, difficile à manier - comme en France - , elle tente des réformes. Seulement son style autoritaire, décidé, non concerté, manichéen, s'adapte mal à la logique de l'Education. Elle rentrera bien vite dans le rang après avoir supprimé les distributions gratuites de lait aux enfants, décision symbolique qui lui aliénera la presse et l'opinion. En elle-même, la décision était peu importante budgétairement, mais elle lui enseignera une chose : ne pas risquer son crédit sur des détails...


Les victoires

L'Angleterre des années 70, il est parfois bon de le rappeler, vit une crise sans précédent. Inflation à deux chiffres, chômage en hausse constante, productivité faible, croissance lamentable, blocages syndicaux très nombreux et violents... Le gouvernement conservateur Heath s'effiloche peu à peu et finit par perdre les législatives face aux travaillistes en 1974. Heath sera mis en minorité à la fin de l'année par l'aile droite, partisane d'une refondation de la politique conservatrice. C'est Margaret Thatcher qui prend le contrôle du parti et devient le leader de l'opposition. Les gouvernements travaillistes de Wilson et de Callaghan n'arrivent à rien... L'hiver 78-79 voit des grèves à répétition, un chaos social se mettre en place. Avec un programme prudent mais déterminé, Margaret Thatcher emmène les conservateurs à la victoire. Pour trois mandats, Mrs Thatcher gouvernera le Royaume-Uni

Lors du premier mandat, elle se contentera d'appliquer une politique proche du monétarisme : contrôle de l'inflation, liberté des changes, dénationalisations très partielles et progressives, baisses d'impôts. Les résultats sont catastrophiques : l'inflation ne faiblit pas, l'économie continue sa chute. Les conservateurs exigent un retournement de politique. La chance de Thatcher, ce sera l'initiative virile et intempestive d'une poignée de militaires argentins. En envahissant les Falkland, ses 1600 habitants, ses 60 000 moutons, les argentins vont donner de l'air au gouvernement Thatcher. La nation galvanisée par ce combat contre une dictature va se mettre derrière la Prime minister et le rapide succès des britanniques contre la junte argentine donnera le sursaut de popularité nécessaire au cabinet. En plus, la situation économique s'arrange au cours de l'année 1983. Les travaillistes ratent leur campagne et les conservateurs l'emportent largement. Le second mandat, marqué par des dénationalisations, une politique d'accession à la propriété pour les classes moyennes et un développement sans précédent du secteur financier de la City, sera un succès politique et économique. Il sera aussi le moment où elle brisera la puissance syndicale : après avoir détricoté les droits syndicaux au cours du premier mandat, elle écrasera méthodiquement les mineurs en grève. Ceux-ci, qui portent une responsabilité certaine dans leur propre échec, par leur trop grande violence notamment, ne seront plus à mêmes, passé 1984, de s'opposer. En 1987, elle sera réélue largement. Le troisième mandat sera celui de la chute. Son autorité se transforme en autoritarisme : elle veut remplacer les impôts locaux par une taxe unique payée par chaque personne (325 livres). Le caractère scandaleusement injuste de cet impôt choque tout le milieu politique et médiatique. Elle s'entête tellement qu'une fronde menée par un ancien ministre de la défense viré suite à une affaire de ventes d'hélicoptères, parvient à l'abattre.


Inséparables

Depuis 1990, elle hante (de moins en moins il est vrai), les cénacles conservateurs et s'enferre dans une attitude de plus en plus extrême qui ne lui fait pas honneur. La vraie question intéressante est celle de son bilan. Thiériot, libéral, ne cache pas la sympathie qu'il porte à Mrs Thatcher. C'est à la fois l'atout et le défaut de ce livre. Il est difficile, pour des raisons idéologiques, de dresser un bilan de l'action thatchérienne, tant les avis sont contrastés à son encontre. Ce livre tente l'équilibre et rappelle certaines réalités trop souvent oubliées : elle ne privatisa ni British Rail, ni le NHS (système de santé). Le sous-investissement que sa politique d'économies budgétaires entraînait mécaniquement la place selon moi néanmoins comme une des responsables des difficultés de ces deux secteurs. Mais elle n'est pas la seule, les questions étant trop complexes pour être traitées ici. Au niveau économique, elle fit passer une société industrielle en crise à une société tertiaire, financiarisée. L'apport économique est réel. Mais les coûts sociaux engendrés ont trop souvent été sous-évalués par Thatcher elle-même. Au plan des affaires étrangères, son opposition à l'URSS et son alliance avec Reagan ont contribué à accélérer la chute du communisme. Mais ils ont aussi resserré les liens diplomatiques et militaires entre les deux rives de l'atlantique, aux dépens de l'Europe. Le Royaume-Uni d'aujourd'hui, attirant, moderne, dynamique n'aurait jamais pu être sans Mrs Thatcher. Sa réussite globale cache cependant d'immenses lacunes, dans les services publics et dans la condition sociale des plus pauvres. John Major, et surtout Tony Blair, ne mettront pas en cause l'héritage thatchérien, mais l'adouciront, l'infléchiront. Cela n'empêche pas le lecteur de refermer ce livre en pensant que le Roayume-Uni d'aujourd'hui est encore celui de Madame Thatcher. Et ce pour longtemps encore.




PS : un défaut irritant dans ce livre, l'absence probable de relecteurs à l'oeil avisé. De nombreuses fautes de frappe, d'accord des participe passé, mais aussi des erreurs factuelles entachent à mon sens le professionalisme de cet ouvrage : une coupe du monde de foot en allemagne en 1988 (?), la mort de Reagan en 2002 (alors qu'il est décédé en 2004), où la mention d'un Président Helmut Schmidt (Chancelier eût été correct). Sinon, le livre se lit très bien, l'auteur a une belle plume et il est agréable de voir figurer quelques mots et expressions littéraires.
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commentaires

X
Maudit mais mais réponds moi!Je n'ai pas ton mail et ni ton téléphone.Mr. X en pleine soirée reprise de contacts ;-)
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M
Voilà un sujet qui devrait intéresser Cat  :-D<br /> Perso Maggie passera après l'Afrique du Sud<br /> Au moins, je suis content que tes lectures s'améliorent en qualité et/ou en agrément. ;o)<br />  <br />  
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