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Biblio-Infinie

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  • : Un blog destiné à faire partager mes lectures. Plongée dans une bibliothèque infinie... Romans, essais, livres d'histoire, économie, philosophie,...
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C'est quoi ce blog?

Biblio-infinie, un micro blog sans prétention aucune (comme le titre l'indique si bien)... et où je commenterai sans compromission ce que je lis! Fonctionne en courant alternatif selon mes disponibilités (je ne commente en fait que quelques lectures, choisies selon des critères complètement aléatoires et variables).

Littérature, histoire, essais, bref des recensions au fil des lectures... Peu de place cependant au buzz  et aux sorties à la mode. Il existe suffisamment de promoteurs dans les médias pour que je n'agglutine pas ma voix au concert des épiciers.

Place aux avis d'un citoyen aspirant "honnête homme" (c'est moi!), pur produit de notre beau système universitaire français qui fonctionne si bien, que le monde entier nous envie, qui forme tant de grands esprits et tout, et tout, et tout...

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12 mars 2007 1 12 /03 /mars /2007 23:55

Beethoven, derrière Mozart, est le plus connu de tous les compositeurs. Génie complet, capable d’écrire sonates, fugues, trios, quartets, symphonies, ouvertures avec un talent qui émeut encore aujourd’hui, père du romantisme, Beethoven méritait sûrement mieux que cette biographie mal écrite, non relue, destinée à un public de pseudo-spécialistes. Je reconnais, au crédit d’Elizabeth Brisson, mon inculture musicale : je n’ai jamais fait de solfège, sinon à l’école, et me parler d’arpège, d’octave ou de fa mineur, c’est s’assurer que je ne comprendrai pas grand chose. Pourtant cela ne suffisait pas à me décourager, et je ne saurais critiquer en mal un ouvrage uniquement parce que je n’ai pas compris certains développements. Et pourtant, je ne suis pas seul en cause...


L'objet du crime



Car cette biographie, présentée comme une synthèse grand public, se révèle ennuyeuse et illisible, mal composée et sûrement trop rapidement écrite. Brisson hésite constamment entre raconter la vie, parfois malheureuse, de l’homme et expliquer sa musique, souvent géniale. Comme elle ne sait quelle voie choisir, elle préfère se distinguer par un art affirmé de l'énumération et du catalogue. Voilà une belle recrue pour wikipedia... sûrement pas pour écrire des vrais livres, qui essaieront de trouver de vrais lecteurs! Tout cela donne à ce livre l’aspect d’un patchwork mal construit, d’un catalogue mal découpé. Parfois, sur une ou deux pages, l’intérêt du lecteur se rallume. Il sent qu’il approche un peu de la personnalité de Beethoven, de sa vie, du sens donné à ses compositions. Mais l’auteur s’empresse de l’éteindre en se lançant dans des explications musicologiques que je ne suis pas, il est vrai, en mesure de juger sur le fond. La forme, désastreuse, me suffit : des phases d’un paragraphe entier, remplies de tirets et de parenthèses, à la syntaxe hésitante, sans aucun effort pédagogique minimal. Je pense que même le lecteur passionné de musicologie s’ennuiera vite devant cette biographie poussive. Je passe sur les dizaines de personnages qu’elle évoque en y adjoignant les dates de naissance et de mort, et en se limitant le plus souvent à ces précisions, comme si elles suffisaient à expliquer le rôle qu’ils avaient joué dans la vie du maître. Les relations avec Haydn dont il prit des leçons sont vaguement expliquées, mais elle ne cherche pas à conclure le débat qui anima les biographes de Beethoven : Haydn a-t-il servi son art ou pas ? Lui a-t-il appris quelque chose ? Brisson évoque la controverse, mais ne cherche à aucun moment à la résoudre. Forcément, compiler sans talent des sources de seconde et de troisième main ne permet guère d’avancées de la connaissance historique. Heureusement, pour ranimer l’intérêt défaillant de son lecteur, Elizabeth Brisson a eu l’idée formidable de cataloguer les grandes œuvres du compositeur et d' en détailler tous les mouvements. Absolument passionnant de voir se succéder des
allegro et des forte sur des demi-pages entières ! Le lecteur ne saura pas grand-chose de l’œuvre, à peine quelques éléments accessoires de son rôle dans l’histoire de la musique, rapidement expédiés, il ne saura pas qui était vraiment Beethoven - je caricature à peine - mais pourra savoir que le mouvement 3 de la sonate 30 est allegro...



La partition de la IXe Symphonie

Un livre à éviter pour quiconque veut se plonger dans la vie du grand homme. Son seul intérêt : mettre en valeur quelques œuvres (Bataille de Vitoria, les dernières sonates, etc…)  qui donneront à l’amateur débutant, et néanmoins intéressé, un sympathique programme d’acquisitions extérieures aux quelques œuvres universellement reconnues – 9e symphonie, concerto pour l’Empereur, sonate au clair de lune, etc… J’y aurais appris également quelques faits dans ce fatras mal inspiré : Beethoven eut quelques difficultés à imposer un art nécessitant de grands talents d’exécution, difficiles à trouver chez les interprètes de son temps, même à Vienne ; sa popularité fut tardive, mais pas posthume ; il connut de nombreuses désillusions sentimentales, liées le plus souvent à son statut de roturier entouré de jeunes femmes admiratrices, mais aristocrates. Concernant les nouveautés apportées à la musique classique, je n’aurais rien appris que je ne savais déjà, c’est à dire pas grand chose. Beethoven méritait mieux, beaucoup mieux! Vous savez à quoi ressemble une synthèse automatique sous Word? Vous avez déjà essayé avec un texte long? Et bien ça donne à peu de choses près ce livre!

Dommage que les universitaires ne fassent parfois pas d’efforts de style et de rédaction, même minimaux. Dommage également que leurs éditeurs, ici la prestigieuse maison Arthème Fayard, ne corrigent pas les lourdeurs d’expression qui finissent par lasser le lecteur. Le seul atout de ce livre… il est court et le supplice ne dure guère. J’espère néanmoins que vous saurez vous diriger mieux que moi pour aborder la vie du maître…



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