8 novembre 2007
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Ce qu'il y a de bien quand un personnage public effectue sa traversée du désert, c'est que vous pouvez plus facilement le rencontrer. Un ancien Premier ministre, issu d'un vieux pays, était de passage à Lyon en même temps que moi. Rencontre au sommet entre un has been et un never been... Si certains se sont senti autorisés à lui donner une carte de visite ou de lui demander un piston pour l'ONU, je suis resté sobre. J'ai évidemment placé "mon métier n'est pas une vocation". Enfin ça, tout le monde le sait déjà.
Au passage, un des membres de son staff, enfin un staff, je suis gentil, il a deux personnes avec lui, les seuls rats à n'avoir pu quitter le navire, a avoué au passage:"[Pour lui], la situation est sombre, et elle s'assombrit de jour en jour"Désarmant de naïveté et pessimiste en diable le garçon. L'autre par contre espérait un retour rapide dans l'arène. Comme membre éminent de l'opposition à Sarkozy? Je me demande bien si quelqu'un y croit.J'aurais du lui demander si Clearstream était plus proche de l'île d'Elbe ou de Waterloo d'ailleurs. En tout cas, un livre que je n'aurais même pas acheté - je n'apprécie guère Napoléon - si je n'avais pas eu l'occasion de le rencontrer. C'est pas grand chose... mais c'est toujours mieux que les glandus de Bouseville-sur-Sommoise!
Published by Ibarrategui
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dans
Actualité
5 février 2007
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01:27
Comme j'ai décidé de relancer ce blog (et que j'ai de nombreuses fiches en stock), j'adopte un nouveau rythme plus en rapport avec la nature même de cet outil. En outre, je fins par trouver son titre un brin pompeux lorsqu'on ne peut y lire qu'une poignée de recensions en presque un an... alors que j'ai lu beaucoup beaucoup plus. Changement de politique donc, avec des recensions littéraires qui se feront peut-être moins fouillées mais avec un plus grand nombre de livres fichés. (en plus je vois mal ce que je pourrais écrire de nouveau et ou d'original sur Don Quichotte ou La Guerre et la Paix...)
Les éditions Fayard - spécialistes des ouvrages historiques - se sont lancés depuis peu dans l'édition de livres d'actualité concernant des pays, à forte tonalité universitaire et pluridisciplinaire. Après la Turquie (direction de Semih Vaner), ils ont récemment publié les Etats-Unis, en collaboration avec Sciences Po Paris et le CERI - le centre de recherches spécialisées en R.I. de l'institution de la rue Saint-Guillaume. Ce panorama de l'Amérique d'aujourd'hui est mené par une vingtaine d'auteurs et ce dans tous les domaines : droit, économie, société, art, démographie, etc...

Le livre est séparé en sept chapitres de taille à peu près équivalente et se veut, selon l'introduction de Denis Lacorne, connu pour ses travaux sur l'identité américaine, un dépassement des clichés ayant court chez nous à propos de l'Etat le plus puissant et le plus controversé de la planète. Premier constat à la lecture de ce livre, les contributions sont bien dans l'esprit Sciences-Po : des synthèses intéressantes, mais très souvent limitées qui ne font que survoler les sujets. Certains articles auraient mérité des approfondissements certains, je pense notamment à l'économie, parent pauvre de ce livre (à peine 80 pages quand la littérature bénéficie de 100 pages). Deuxième constat : l'hétérogénéité scientifique des propos. Certains chapitres sont ardus : la poésie américaine, la globalisation, la politique étrangère ou les propos concernant la cour suprême sont difficiles d'accès pour les non-spécialistes. A contrario, certains chapitres sont très bien conçus et oeuvrent dans le bon sens en effectuant une vulgarisation utile et accessible. C'est le cas des chapitres sur le fédéralisme, les élections américaines, la religion ou l'université.
Cependant, ces quelques réserves ne sauraient atténuer le caractère instructif de cet ouvrage collectif. En six cents pages, le lecteur français découvre des aspects insoupçonnés ou incompréhensibles à ses yeux, du fonctionnement de la société américaine. Par exemple, le débat sur la discrimination positive et son positionnement, spécifique à l'histoire américaine ne peuvent être compris ici si l'esclavage, la guerre de sécession, la Reconstruction, la ségrégation et la politique des droits civiques ne sont pas rappelés. Et c'est le mérite de ces "Etats-Unis" de rappeler à quel point le débat concernant l'affirmative action se situe dans la résolution pragmatique de la question "raciale" américaine. Le volet immigration / composition ethnique/ discrimination positive / dynamiques urbaines / démographie est ici très complet.
De même la singularité du système politique américain, sa balance des pouvoirs, la prééminence du Sénat, l'essor du conservatisme bénéficient d'explications poussées et synthétiques. Ainsi, on y apprend que l'évolution politique américaine récente conjugue plusieurs aspects. Le parti démocrate connaît une crise de projets depuis que le parti républicain a lancé une révolution conservatrice qui lui a permis de redevenir le parti dominant. Cette révolution conservatrice est issue de la jonction d'une stratégie républicaine visant à s'emparer du sud, du renouveau de la question de la place de l'Etat fédéral, de sa lourde bureaucratie - et de son incapacité à traiter les problèmes de la société américaine -, d'un repli de la Cour suprême d'une position "liberal" (i.e. de gauche) à une position plus conservatrice et d'une guerre des valeurs qui fractionne le pays sur des questions sociétales. Le simplisme français qui consiste parfois à dire que le renouveau intégriste chrétien est à l'origine des maux de l'Amérique doit être révisé au vu de ces différents faits.
L'Amérique de Bush... construction française fantasmatique : une réalité plus vaste
Quelques informations du livre battent en brèche nos préjugés sur l'Amérique : les latinos votent aussi bien pour les républicains que pour les démocrates (leur communauté d'origine joue plus que leur identité latino) ; les communautés ethniques se revendiquent comme telles afin d'accéder aux programmes de discrimination positive, entraînant une multiplication (sans fin) des revendications victimaires dans le champ politique et social... tout en paradoxalement se mélangeant de plus en plus (augmentation des mariages mixtes, alliance des latinos et des asiatiques sur certaines questions,...) ; les politiques de déségrégation scolaire ont entraîné des redistributions urbaines qui ont accentué le clivage entre les zones pauvres et mal en point (exemple : le centre de Detroit) et les nouvelles banlieues fermées et éloignées des centre ville. La raison? Les classes moyennes ont cherché à fuir la promiscuité sociale (exemple type de l'effet pervers) ; la nouvelle religiosité consiste moins en un fanatisme protestant sectaire qu'en le développement concomitant d'un marketing religieux, d'un marché de la foi et d'une religion à la carte, sanctifiée par l'apparition de "Megachurches" plus proches dans les activités qu'elles proposent des Centre commerciaux ou de loisirs que des églises traditionnels ; etc...
Le reproche principal que je ferais à ce livre au demeurant fort intéressant, est inhérent à tout ouvrage collectif et transversal. Il manque une ligne claire et constitue une vision fragmentée, quoique se prétendant complète, de l'actualité des Etats-Unis. Je passe sur l'hétérogénéité des articles, déjà évoquée, pour traiter de celle des tons. En effet, les chapitres vont du très statistique à propos de l'économie et de la démographie au quasi pamphlet de Marc Chénétrier sur la réception de la littérature américaine en France, du très universitaire et théorique de Daniel Sebbagh (discrimination positive) ou de Pierre Hassner (politique étrangère) à la synthèse sans saveur et sans intérêt sur la culture populaire américaine.

Un livre sous l'égide de Sciences Po...
En bref, ce livre a le mérite d'essayer d'expliquer certains aspects méconnus de la vie américaine actuelle. Il y parvient à propos du système politique, véritable terra incognita de l'édition en sciences politiques dans notre pays, à propos de la question ethnique et de la discrimination positive. Je suis beaucoup plus réservé quant à l'apport réél du livre en matière d'économie. Fallait-il également privilégier à ce point la littérature (1 sixième du livre) au détriment des autres manifestations de la culture américaine, et notamment de son volet populaire (musique, cinéma, etc...), cette puissante révolution qui a bouleversé le monde du XXe siècle?
Au final, une synthèse intéressante, mais sans grande unité, trop hétérogène et qui aurait mérité une approche plus systématique. C'est à dire qu'il aurait mieux valu moins d'articles traitant de détails - reprises probables des thèses des participants - et une approche plus complète et sur tous les sujets. Je pense qu'une approche introductive à l'Amérique peut se passer d'une quinzaine de pages sur la poésie ou d'un chapitre sur le New York post 9/11, pour aborder les réalités d'une crise éducative toujours mentionnée, mais jamais expliquée! Néanmoins, à défaut d'autre synthèse de cet acabit sur les Etats-Unis, je suis persuadé que celle-ci saura trouver sa place dans les bibliothèques des étudiants, mais aussi de tous ceux que l'Amérique actuelle ne cesse d'interroger, d'interpeller et de surprendre.
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