6 décembre 2007
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Je continue à lire avec frénésie et parviens à mettre à jour ce blog fréquemment. J'ai remarqué en passant en version 2.0 récemment, que je pouvais accéder aux statistiques détaillées des visiteurs de ce site. Et que depuis deux semaines, les requêtes Google menant à mon blog se composaient principalement de références aux Aventures de Télémaque de Fénelon. D'abord surpris, j'ai regardé plus en avant la nature des recherches : j'ai compris. De nombreux lycéens, ou étudiants, ont l'air d'avoir un commentaire détaillé à faire sur Mentor, sur Télémaque, sur certains chapitres du livre, et plus largement sur Fénelon. Etant un des rares à avoir lu cet auteur pour mon plaisir, étant un des rares internautes à en parler, Google mène forcément à biblio infinie si on fouille un peu. C'est très drôle. Si l'un d'entre eux me lit : je suis un simple amateur, cherchez un peu par vous-même, c'est là le plaisir de la littérature, chaque lecteur peut trouver sa voie. Et je ne voudrais pas qu'un professeur de littérature pointilleux vienne me faire des remarques ici! Ceci dit en toute ironie évidemment. Revenons au sujet du jour.
La vie de Winston Churchill se déroula comme un formidable roman d’aventures dont il fut le principal metteur en scène. Le Premier ministre des heures les plus sombres de l’histoire britannique fut également un mémorialiste de talent et laissa pour la postérité une abondante œuvre écrite. Ecrits journalistiques, témoignages, travaux d'historien et mémoires constituent l'essentiel de son oeuvre qui compte néanmoins un roman. Churchill admettait à son sujet, fort modestement, qu'il avait toujours déconseillé à ses amis de le lire! On espère qu'il ne fit pas de même avec ses mémoires de jeunesse. Récompensé par le Nobel de littérature en 1953, Churchill construisit d'abord sa notoriété par ses récits impériaux. Aux quatre coins de l’Empire "sur lequel le soleil ne se couchait jamais", des montagnes glacées de l’Afghanistan aux déserts brûlants du Soudan, de la bataille d’Omdurman à la chute de Pretoria, Churchill court, galope, navigue, toujours en mouvement, à la recherche de l’aventure et de l’action. Comme tant d’autres direz-vous. Sauf que ce bonhomme là parvint à réunir trois qualités rarement jointes : une plume acérée, vive et ironique, un esprit porté à l’action et à la réflexion, un destin hors du commun. Si l’on ajoute à ces qualités, un don de propagandiste qui fit rapidement de lui une célébrité et lui assura une carrière politique, on a une idée plus juste du personnage et de son ascension.

Ces mémoires constituent la première manche de celle-ci. Il revient sur ses années d’enfance, d’éducation et d’armée, jusqu’à ses débuts au Parlement. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne tient pas en place : présent dans tous les conflits des années 1895-1900, il les traverse avec beaucoup de chance – on ne compte plus les coups du destin qui l’épargnèrent au bon moment, dans une charge de cavalerie ou dans une fusillade – et d’intrépidité. Le lecteur se prend à ce récit d’aventures à l’ancienne qui fait même penser à certains moments aux premiers albums de Tintin, cette course effrénée et permanente. Le récit de sa capture par le futur général, et héros boer, Louis Botha, et celui de son évasion rocambolesque de Pretoria vers Lourenço Marques (distantes de 500 kilomètres) constitue un moment de bravoure particulièrement agréable à lire. On vibre avec Churchill au son des canons et des trompettes de la renommée qui ne tardèrent pas à l'accompagner. Fils d'un ministre éphémère et politicien malchanceux, Churchill parvint rapidement à dissiper l'ombre que celui-ci pouvait porter sur sa carrière. Et pourtant, rien n'était joué. Elève médiocre au sein de collèges prestigieux, il ne trouva sa voie que dans la cavalerie, et la pratique du polo. Faiblement instruit comparé aux autres hommes politiques, passés par l'université, c'est dans l'action qu'il se forma. Présent en Inde, cherchant l'aventure au risque de sa propre carrière, sa première campagne (Malakand) fut l'occasion pour lui de gagner en notoriété. En effet, une rencontre heureuse lui permit de devenir correspondant de guerre et de mener une double carrière : officier de cavalerie et journaliste. Ses dépêches le firent connaître et il sut habilement en profiter en les intégrant dans des ouvrages grands publics. Guère fortuné, il s'assura ainsi le maintien de sa coûteuse carrière d'officier de cavalerie (l'entretien des chevaux coûtait fort cher).
Le vieux lion en majesté... loin de son aventureuse jeunesse
Après ses aventures indiennes, il fit tout ce qui était en son possible pour rejoindre l'expédition de Kitchener. L'histoire est aujourd'hui oubliée, mais le Soudan de l'époque, dirigé par un prophète, le mahdi, avait infligé aux anglo-égyptiens une grave défaite quelques années auparavant. Le général Gordon y avait trouvé la mort et les britanniques n'eurent de cesse de se venger. Enfin accepté par Kitchener, Churchill commanda un escadron de cavalerie lors de la dernière charge montée de l'histoire militaire britannique. Il échappa ici comme ailleurs d'assez près à la mort. Il narre ainsi le destin de celui qui prit sa place au sein du 2e de cavalerie. Churchill, arrivé en retard suite à sa longue négociation avec Kitchener, avait en effet laissé le poste qu'il aurait dû occuper à Robert Greenfell. Ce dernier, comme l'essentiel de sa troupe, trouva la mort sur le champ de bataille. L'esprit vagabond et rêveur se prendra à imaginer le destin de l'Angleterre, et du monde, si Greenfell n'avait pas occupé le rang de Churchill à Omdurman...
Il quitta ensuite l'armée, et tenta de profiter de sa notoriété pour se faire élire député. Défait par les libéraux, il rejoignit les troupes britanniques en pleine guerre des Boers. La réduction des riches enclaves afrikaners en Afrique du Sud occupa son existence quelques temps : prisonnier, évadé, il acquit à l'occasion une célébrité définitive. Quelques tournées de conférences plus tard, le voilà élu à la Chambre des Communes et prêt à entamer une seconde partie d'existence aussi riche que la première. Le lecteur en vient d'ailleurs à regretter de ne pas pouvoir lire la suite...
Évidemment, les mauvais esprits diront que Churchill, en se racontant, se mettait en valeur pour des motifs politiques et égoïstes. Certes. Mais quel homme politique doué ne le ferait pas ? Parfois on sourit des avis tranchés de Winston sur son environnement, d’autres fois, on se demande s’il ne se met pas un peu trop en valeur. Néanmoins, ces petits doutes n’enlèvent rien au plaisir qu’on ressent à lire cette ébouriffant récit de jeunesse. L’Empire a bien changé, constatait Churchill lors de la rédaction de ce livre (1930). Il avait alors 56 ans et sa carrière politique déclinait. Le lecteur moderne remarquera que la société que Churchill regrettait, qui n’était déjà plus la sienne au temps de son apogée, a sombré depuis dans l’oubli, comme l’ensemble de l’époque coloniale, dans la juste réprobation qui entoure l’aventure impérialiste du XIXe siècle. Homme d’une époque révolue, il fut cependant, au carrefour de l’histoire britannique, l’homme qui cristallisa et symbolisa la résistance insulaire anglo-saxonne aux ambitions nazies. Cela, Churchill ne le savait pas encore en rédigeant ces mémoires. On admire plus encore la prescience de certaines affirmations sur le destin de la guerre, de l’Europe ou de l’Empire. On est également confondu devant ces coups du destin qui lui permirent d’échapper aux balles des guerriers afghans, des fanatiques soudanais et des combattants boers. Et qui changèrent à n'en point douter le destin du monde.
En résumé, un agréable récit des temps anciens, aventureux, drôle, bien emmené. Le lecteur sait que tout n’est pas forcément exact, que certaines situations sont probablement arrangées, que le rôle que s’attribue Winston est plus important que celui qu’il a joué (encore que, perce ici ou là quelque modestie), mais quel plaisir à la lecture ! Cela suffit amplement…Une lecture indispensable.
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Histoire
4 décembre 2007
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En ce début décembre, les longues soirées permettent à la fois la lecture et surtout l'écriture de ces chroniques sans prétention. Première recension du mois de décembre, déjà... J'avais acheté ce livre il y a quelques années, et il traînait depuis d'étagère en carton, attendant que mon regard daigne se porter sur lui. Redécouvert lors de réagencements récents de mes bibliothèques surchargées, il m'a occupé ce week-end. Intéressant de voir à quel point notre culture historique moyenne méconnaît des pans entiers de l'histoire mondiale. Faiblement intéressé en principe par l'histoire des pays sud-américains, j'ai beaucoup appris ici sur la Bolivie, mais aussi sur son continent.
Car si l'on voulait compiler les maux de l'Amérique latine en un seul volume, c'est bien l'histoire de la Bolivie qu'il faudrait relater. Dans ce pays plus grand que la France mais peuplé d'à peine 9 millions d'individus, se trouvent toutes les caractéristiques les plus saillantes du mal sud-américain. En vrac : l'échec des civilisations indiennes à résister à l'impérialisme espagnol, le pillage permanent des richesses minières, l'oscillation permanente entre une démocratie corrompue et des régimes militaires violents, le sous-développement chronique, la drogue, la défaite permanente face à l'étranger, etc...

Christian Rudel, grand reporter, et amoureux de ce pays, dépeint en 250 pages le mal latino-américain par son exemple le plus saillant. L'histoire bolivienne est une litanie de drames, de catastrophes, de massacres, de guerres perdues et de dictatures sanglantes. Avant l'arrivée des espagnols, l'empire local dit de "Tihuanaco" s'était effondré de lui-même, après avoir brillamment rayonné sur toute une partie des Andes, plus étendu que ses successeurs incasiques. Ceux-ci vaincus par les Conquistadores, le champ était libre pour l'assouvissement de la soif ibérique de richesses. Les mines d'argent du Potosi firent un temps la gloire de ces régions : la ville de mineurs qui se développa près des filons d'argent les plus accessibles du monde connu devint rapidement une des villes les plus peuplées au monde, avant de décliner plus rapidement encore suite à l'épuisement des principales veines du précieux minerai. Le sous-sol recelait cependant bien d'autres ressources : pétrole, gaz, bismuth, mercure ou étain constituaient de belles bases pour un éventuel développement. Sauf que cela ne se produisit jamais.
L'indépendance acquise par les Bolivar, Sucre et San Martin, le Haut-Pérou devint alors la Bolivie (en hommage au premier cité), sa capitale se rebaptisa Sucre et San Martin parvint quelques années à en faire la puissance majeure du centre du continent, annexant même quelques années durant le Pérou tout entier. Mais bien vite sa faiblesse démographique et économique en firent une proie de choix pour ses voisins : lâchant ici 200 000 km² au Brésil suite à une vente qui enrichit le dictateur au pouvoir, lâchant là 120 000 km², son accès maritime et quelques mines au Chili suite à une guerre désastreuse, se perdant dans des conflits inutiles face au Pérou ou au Paraguay,... La Bolivie perdit de nombreux atouts économiques et se retrouva dans la difficile position qui est la sienne : enclavée. A sa décharge, la Bolivie héritait d'un territoire mal défini par l'ancienne puissance coloniale, confrontée à de dynamiques voisins (La Plata, Santiago, Rio) qui n'hésitèrent pas à corriger brutalement les frontières boliviennes. La population peu importante grévait les capacités de résistance de la nation face à des adversaires qui disposaient tous d'un flux continu d'immigrants. Alors que le Chili, l'Argentine, et dans une moindre mesure le Brésil, sont des nations semi ou quasi européennes, la Bolivie garda une forte identité indienne et métisse. En conséquence, sa puissance relative s'affaiblit de plus en plus au cours du temps. Et son sous-sol constituait un appât de choix pour les agressives dictatures militaires voisines. Pour ne rien arranger, elle connut une série de dirigeants catastrophiques, au carrefour de son histoire, qui la menèrent dans l'ornière. On les appellerait plus tard "Caudillos barbares". Je passe sur celui qui éleva son cheval à de hautes fonctions, et qui fit fusiller sa chemise avant de vendre une partie du territoire national, tant il paraît caricatural. Le lecteur peut presque se croire plongé dans les affres du San Theodoros cher à Hergé. En résumé, le XIXe siècle, et c'est relativement méconnu, fut un temps de redistribution territoriale en Amérique du Sud : la Bolivie en fut l'une des principales victimes avec son voisin, le Paraguay. Coïncidence ou pas, ces deux états étaient les plus indiens, les moins européanisés et les seuls enclavés...
Un paysage bolivien
Cependant, les richesses de son sous-sol élevèrent des "barons de l'étain" parmi les hommes les plus riches du monde. Mais ça ne fit rien pour améliorer la terrifiante condition de vie des indiens, mineurs de fond et esclaves des grands propriétaires. Un rapport de 1941 constitue un terrible rappel de ce que vivaient alors les infortunés mineurs : boyaux humides, irrespirables, chauds (60°), montagnes froides, hautes (4 à 6 000 mètres), taudis pour seules habitations, espérance de vie réduite...
Lorsqu'au XXe siècle, le pays chercha à reconquérir son indépendance économique, cela tourna malheureusement à la farce sanguinolente des dictateurs Barrientos, Banzer et Garcia Arce. Ce dernier se signala en ajoutant aux maux de la Bolivie le narco-traffic et la production de cocaïne.
Ce tableau particulièrement sinistre, ce pays parmi les plus pauvres du monde, ne sont guère réhaussées par la somme des atrocités subies par les peuplades indiennes, qui là comme ailleurs, eurent à subir les maux d'un continent. On comprend mieux, à la lumière de ce petit livre particulièrement sombre, à quel point l'histoire pèse sur ce pays - Evo Morales en est le dernier avatar - et plus généralement sur l'Amérique latine. La voie du progrès sera malaisée à trouver...
Un ouvrage sans prétentions, mais éclairant. Une première introduction à l'Amérique du sud bien utile...Divisé en deux parties, il rappelle de manière synthétique les principales caractéristiques du pays. Je regrette juste la faiblesse de la cartographie, clairement insuffisante et l'inclusion d'un chapitre touristique en fin de volume. Une lecture valable cependant.
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Histoire
30 novembre 2007
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19:00
On continue avec un rythme effréné de recensions! Je crois avoir trouvé le meilleur moyen de rédiger ces petits billets. Il m'aura fallu un an et demi. C'est toujours mieux que rien. En relisant vaguement ce que j'ai déjà fait, je me rends compte que j'oscille entre un style scolaire invertébré et un style compilateur sans avis... Va falloir sérieusement définir ce que je veux faire ici, maintenant que je sais comment me motiver! Bon, concernant le livre d'aujourd'hui, Philippe Nemo, professeur de philosophie, s'attaque ici à une des problématiques les plus intéressantes de l'histoire globale : qu'est-ce que l'occident? Comment le définir? Quelles sont ses caractéristiques? Ses limites? Ses spécificités? Ce petit livre (130 pages) ne cherche pas à développer une thèse originale mais synthétise une définition possible de l'Occident.
Selon Nemo, les nations d'Europe occidentale ont connu cinq grandes révolutions, cinq étapes qui ont marqué leur évolution et ont fait d'elles les composantes d'une entité spécifique au regard des autres régions du monde. Ce sont ces cinq apports qui permirent le "miracle" qui transforma la péninsule du vaste continent asiatique en modèle dominant la planète et la modelant au gré de ses conquêtes.
Très classiquement, Nemo d'abord met en exergue la Grèce. Ses inventions, la Cité (il reprend ici les caractéristiques dévoilées par JP Vernant, à savoir : souveraineté collective, espace public de débat, rôle de la raison, égalité, religion civique, invention du politique), la science, l'école et l'égalité - isonomie - des citoyens transforment violemment le rapport de l'homme au monde. De vertical, celui-ci devient horizontal. Ensuite, l'apport du droit romain, qui invente la stricte délimitation des patrimoines et des individus, constitue une deuxième révolution. La Cité était un gouvernement des égaux, indifférenciés. Rome distingue les individus et formalise l'apparition de l'ego, source future de l'humanisme et de l'individualisme moderne. Troisième révolution : l'eschatologie chrétienne et plus largement biblique, qui induit une rébellion contre la normalité du mal, une lutte qu'elle voit éternelle contre lui, une distinction vertu/pêchés que ne mettait pas en avant les cultes païens. L'individu et la société doivent désormais tendre vers leur transformation, leur amélioration. C'est la création d'un temps historique pour l'humain. L'apparition du progrès (et des premières oppositions millénaristes-révolutionnaires contre réformistes) Avant-dernière étape, moins connue, la révolution papale grégorienne (et post grégorienne, Grégoire VII ayant politiquement et conjoncturellement plutôt échoué, mais ses idées lui survivront) au XIes et XIIes siècles. Revenant sur l'apathie contemplatrice dérivée de l'augustinisme politique, le grégorisme réintroduit l'Eglise dans le monde temporel. Eléments fondamentaux de la parousie papale? La reprise en main d'une organisation religieuse passablement décatie et corrompue, la création des universités (au premier rang desquelles Bologne, Paris et Oxford), la formation de prêtres, la lutte contre le pouvoir temporel et enfin l'idée, nouvelle, selon laquelle l'homme peut se racheter de ses mauvaises actions par des bonnes (qui aboutira à la cration du purgatoire). Son ampleur préfigurera celle du luthérianisme quatre siècles plus tard. Enfin dernière révolution, plus évidente, l'invention du libéralisme intellectuel, politique et économique. Les sociétés occidentales deviendront pluralistes, cherchant là le meilleur moyen d'organisation possible et permettant de ce fait le progrès des idées, des sciences et des arts. Voilà, rapidement résumé, ce qui constitue l'occident aux yeux de Nemo. De ces caractéristiques, l'auteur tire une double conclusion. La première, la formule élaborée par l'occident, désormais universalisée, ne peut pas être remise en cause, car elle a constitué un saut évolutionnaire réel et complet pour l'espèce humaine - au niveau scientifique comme au niveau sociétal. La transformation est trop forte pour être effaçable ou oubliable. La seconde, c'est que les pays qui ont partagé ces cinq révolutions (l'Europe de l'ouest, la scandinavie, le monde germanique, les îles britanniques, et leurs dérivés américain, canadien, australien et néo-zélandais) forment une civilisation à part entière - avec plus de points communs que de différences - ; ils doivent reconnaître cette identité et les différences qu'elle entraîne avec le monde proche et lointain, et fonder une confédération occidentale. Là je trouve le propos plus conjoncturel et moins convaincant...
En conclusion, un livre qui ne s'interroge pas sur le "pourquoi" (pour cela voir Cosandey, Diamond ou Baechler) mais sur le "quoi". Les critères choisis me paraissent pertinents, mais la brieveté regrettable de l'ouvrage, malgré son appareil critique consistant, empêche une pleine adhésion. Aux partisans d'un Occident défini par son positionnement géographique, ses ethnies, ses croyances, Nemo oppose un Occident de la Raison, un Occident des idées, issu du long mouvement des sociétés. N'est-ce pas trop déconnecté de l'économie? de la géographie? de l'histoire? de la sociologie? Si l'on reprend Cosandey (une lecture croisée aurait pu être envisagée si Nemo avait été plus ambitieux), les erreurs traditionnelles dans l'analyse des raisons de la spécificité européenne sont les lectures religieuse, ethnique, culturelle, climatique et contingente. Nemo voit dans la religion, la culture et même le hasard des facteurs d'explication. En fait, les deux auteurs se situent à deux degrés différents : Cosandey cherche l'origine absolue, scientifiquement démontrable, du développement plus important connu par l'Europe. Nemo ne cherche qu'à rendre compte de ce qu'est, pour lui, l'occident. Les raisons de ce développement occidental, Nemo n'a pas cherché à les dégager. En tout cas il a vu les grandes lignes de convergence entre les sociétés européennes et leurs héritières. Se pose alors la question de la légitimité de la notion d'occident. En avons nous besoin? Pourquoi? Ceux qui liront Nemo en devineront bien les raisons dans les notes de bas de page... et selon leurs convictions, suivront l'auteur ou le négligeront.
Une petite introduction à la question de l'occident et du miracle européen, qui pose néanmoins des jalons pour un approfondissement ultérieur.
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Essais
28 novembre 2007
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Je vais tenter quelque chose que je n'ai pas osé faire pour Guerre et paix de Tolstoï, lu et non chroniqué, essayer de parler d'un chef d'oeuvre de la littérature. C'est un exercice difficile, car il a fait l'objet de nombreuses recensions, de thèses, bien plus abouties que ma petite bafouille rédigée hâtivement, la seule chose dont je sois capable. Mais enfin, j'essaie. Après tout...

Plongée dans la psychologie tourmentée d'un criminel, Crime et châtiment est un de ces romans que l'on ne présente plus. Un classique. Un monument. Un de ceux qu'il faut avoir lu une fois dans sa vie. Le chef d'oeuvre de Fédor Dostoïevski, un des maîtres russes du XIXe siècle. L'histoire est simple : Rodion Raskolnikov, un étudiant, élabore une théorie de la justification du crime, seul, dans sa misérable chambre de Saint-Petersbourg. Voit dans l'humanité deux types d'êtres : les moutons et les bergers. Les hommes et les surhommes. Ceux qui vivent et ceux qui disposent de la vie des autres. Les génies n'ont ils pas construit le monde par le sang et le feu? Napoléon, révéré après sa mort, n'était il pas un criminel? De Toulon à Arcole, d'Austerlitz à Borodoino, son élévation au-dessus de la masse est une longue litanie de morts et de souffrances...
De cette nietzschéenne réflexion, Raskolnikov tire une conclusion : que vaut le meurtre d'une méchante usurière, bête, laide, inutile, si il permet le salut financier de son assassin et de son entourage? Ne faut-il pas à un moment, s'extraire de la masse des hommes de faible volonté et changer le monde, par le crime si c'est nécessaire? Sa pensée brouillée par cette obsession, Raskolnikov ne peut résister à la conclusion logique qu'il en tire. Il ira assassiner la vieille usurière et sa soeur, qui l'avait surpris. En commettant ce crime, Raskolnikov va plonger. Se tuer. Détruire l'être qu'il était. Ce qu'il a commis, malgré ses belles constructions rationnelles justificatrices, il va finir par le payer. Déjà, il assassine l'innocente soeur (dans toutes les acceptations du terme "innocente"), premier écueil. Ensuite, il s'évanouit lors d'une visite de routine au commissariat, malade, alors même que les policiers parlaient de ce double meurtre. Eveillant les soupçons du subtil juge d'instruction Porphyre, Raskolnikov emprunte une voie qu'on devine sans retour. Il oscille ainsi entre l'abattement, le besoin de se dénoncer et l'euphorie, le désir de s'échapper, entre les conséquences morales et physiques (il est malade tout le livre) de son acte et la nécessité d'assumer la portée intellectuelle et logique de son raisonnement. Car s'il ne supporte pas le fait d'avoir tué, c'est alors qu'il n'est pas un surhomme, comme il finit par le deviner aux deux tiers du livre. Napoléon eût-il hésité? S'en serait-il voulu? D'ailleurs, Dostoievski qui introduit la réflexion et la philosophie par l'intermédiaire des dialogues, de la pensée à voix haute, livre un des plus beaux interrogatoires de la littérature lorsque peu à peu Raskolnikov dévoile son jeu au juge Porphyre et finit presque par se dénoncer. Un des grands morceaux du livre.
Dostoievski
La contradiction que rencontre Raskolnikov entre une identité chrétienne - tu ne tueras point - et cette philosophie de la puissance trouve finalement sa résolution par l'échec de cette dernière. "Ecraser un pou" en assassinant un de ces "moutons bêlants" n'est pas sans conséquence. Comme le montre le juge d'instruction, la solution choisie par Raskolnikov est sans issue. Et le roman n'est pas sans écho pour un homme du XXIe siècle, qui sait à quoi la philosophie du surhomme a pu aboutir historiquement. Raskolnikov finira par accepter son châtiment et, dans un épilogue peut-être superflu, y trouver sa rédemption. Cependant, Crime et Châtiment, ce n'est pas qu'un crime, un roman policier inversé (puisqu'on connaît le crime, l'assassin et ses motivations dès le début). C'est aussi la peinture sordide d'un Saint-Pétersbourg des ivrognes et des miséreux. La famille Marmeladov, avec son alcoolique, sa prostituée, ses enfants misérables, ne déparerait pas dans Zola. Le pathétique est prégnant et donne lieu parfois à des scènes particulièrement marquantes : terrible mort du fonctionnaire Marmeladov puis de son épouse...
Dans le roman, on devine aussi une critique du socialisme naissant, caricaturé violemment par le personnage de Lebtzniakov, un idiot, semi-cultivé qui gobe tout ce qu'il lit et applique bêtement, jusqu'à la contradiction, les principes qu'il croit avoir saisi (sa défense, mais peut-on parler d'une défense, de la prostituée Sonia, est comique).
A toutes les idéologies nées à l'ouest (socialisme, matérialisme, philosophie préfigurant Nietzche), Dostoievski oppose l'idée de la rédemption et le mysticisme. Très chrétien tout ça. Même si j'ai eu des difficultés à entrer dans le sujet (je n'avais pas forcément l'esprit à lire ce genre de choses), j'ai trouvé les cent premières pages et les deux cents dernières admirables : Dostoievski opère par pics d'intensité, on sent là le feuilletoniste, et fait monter la tension progressivement à plusieurs reprises. Parfois la machine tourne cependant un peu à vide... notamment entre la 150e et la 300e page. Mais la suite vaut vraiment la peine. Je ne me suis aps accroché pour rien! Je me rends compte, malgré mes efforts, qu'il m'est impossible de résumer en quelques lignes la puissance de ce livre : un seul conseil, le lire.
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Classiques étrangers
26 novembre 2007
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Chaque lecteur possède en son for intérieur un panthéon et un enfer, des lieux où il élève ou rabaisse en toute liberté tel et tel écrivain. Un tel haïra ce qu'un autre révèrera. Je suis par exemple un lecteur passionné de Joseph Conrad, que je tiens comme un des maîtres du roman moderne, un adorateur de Selma Lägerlof et de la magie qu'elle distilla dans ses romans, un grand admirateur de Saramago, de Borges ou de Tolstoï. Par contre, pas moyen de me faire rentrer dans les romans d'Emile Zola, impossible de supporter la prose d'Angot, incapacité complète de lire sans m'endormir les "romans" de KS.Robinson. Nous avons des goûts qui parfois ont peu à voir avec la respectabilité supposée des auteurs. Certains livres ont été écrits pour nous, quelques pages, parfois quelques lignes suffisent. Le coeur est touché. La conscience s'élève. L'émotion saisit. D'autres ouvrages n'ont visiblement rien à faire dans notre bibliothèque : affliction, ennui, répulsion,...
Le petit voyage au coeur des goûts littéraires d'un individu, à fortiori académicien, écrivain et critique, Dominique Fernandez, amoureux de l'Italie nous le propose ici.

Première remarque, si c'est là le livre d'un adacémicien français, nul académisme pesant ici, pas de théories illisibles, pleines de labilité et d'intertextualité. Seul compte le plaisir de l'amateur... et quand même, quelques réflexions supplémentaires sur l'art du roman et de la fiction. Un peu comme Charles Danzig, et son dictionnaire fort subjectif de la littérature française, Fernandez ne fait pas oeuvre de systématisme, de neutralité et d'exhaustivité. Dès les premières pages, on comprend que le critique ne partage guère les modes et les idées des doctrinaires de la littérature contemporaine. Opposé radicalement à la littérature égotiste et narcissique qui emplit les rayons des librairies françaises depuis des années, il cherche ici à nous guider parmi les auteurs et les romans qui comptent à ses yeux. Contre une littérature asphyxiée, celle de Borges et de Valéry, contre une littérature de l'autofiction, celle d'Angot et de Beigbeder, Fernandez trace un chemin dans l'immense champ de la littérature française, européenne et mondiale.
L'ouvrage se partage en deux parties: la première, centrée sur la conception fernandezienne de la fiction, la seconde traitant, dans des chapitres de taille inégale, des auteurs qui ont retenu l'attention du critique. Selon lui, la littérature qui compte - et qui a été injustement jetée aux oubliettes - est celle des conteurs, de ceux qui créent d'après les potentialités de leur personnalité des personnages crédibles. Une littérature riche, vivante, animée, pleine d'action et d'aventures, dans laquelle le lecteur trouve à la fois la patte de l'auteur et des réponses à ses propres interrogations. A celle-ci s'oppose une littérature fermée, égoïste, arc-boutée sur ses contraintes stylistiques, agonisante à force de ne plus se concentrer que sur sa propre forme. En bref, Stendhal ou Flaubert! La vie, riche de toutes les possibilités de l'être, pleine des aventures potentielles des destinées de chacun contre le désert stérile et mortifère des auteurs de la modernité.

Stendhal ou Flaubert?
Fernandez a choisi le moins moustachu des deux!
Je schématise. Fernandez est plus fin que moi. Il dispose de plsu de place, de plus de temps. Mais en substance, il oppose la recherche de la fiction romanesque d'un Tolstoï, d'un Stevenson, d'un Conrad à l'égocentrisme de Proust, au formalisme de Flaubert, aux recherches formelles du nouveau roman (rarement évoqué, mais présent en filigrane). Réhabiliter Dumas, ressuciter Dickens aux dépens de Faulkner ou de Joyce, voilà l'un des objectifs du livre. La liste des auteurs évoqués est longue, mais je voudrais quand même remercier Fernandez d'avoir su en quelques pages parler si bien d'Herman Melville, de Daniel Defoe et de Martin du Gard... Surprenante évocation également de Maurice Dekobra, de Gustave Aimard et d'Erskine Caldwell, pour le moins oubliés de nos jours.
Je m'étonne même d'ailleurs qu'il n'ait ressorti d'autres auteurs français complètement oubliés, dont le XIXe siècle est rempli (Ernest Capendu par exemple, qui n'a même pas l'honneur d'être wikipédié, sûrement un oubli des listeurs professionnels...)
Le lecteur s'irritera parfois des oukases de Dominique Fernandez, de son rejet de tel ou tel. Mais l'objectif de ce livre est ailleurs : faire partager, dans une seconde partie plus importante que la première, les auteurs à découvrir ou redécouvrir. Ces auteurs que Fernandez a aimé. Certains se voient gratifiés d'un chapitre très long, d'une analyse plus poussée (Stendhal, Simenon ou Kundera), d'autres sont simplement sortis de l'oubli en quelques pages (Aimard, Istrati, Perutz), d'autres enfin ne sont mis en exergue que pour l'exposé des limites de leur oeuvre (Larbaud, Gide et en moindre mesure Thomas Mann).
Ce parcours éminemment subjectif et partial n'a d'autre vocation que de faire découvrir et redécouvrir, au-delà des théories littéraires, des écrivains marquants et qui méritent le détour du lecteur. J'ai trouvé l'entreprise plutôt réussie, même si un soupçon d'homogénéité supplémentaire dans les présentations n'aurait pas été une si mauvaise idée. Je n'entrerai pas dans le débat de savoir si certains écrivains sont injustement traités ici. Après tout, ce n'est qu'un guide partiel et partial, pas une encyclopédie (je continuerai à apprécier Borges quand même!). J'ai donc apprécié l'entreprise à sa juste valeur, comme le témoignage des goûts littéraires d'un critique et romancier. Rien de plus. Rien de moins.
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Essais
19 novembre 2007
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Robert Louis Stevenson, qui n'a strictement aucun rapport avec cette recension, écrivant à un jeune homme désireux de se lancer dans la carrière des lettres, évoqua le caractère stupéfiant et abrutissant du travail. Et la difficulté pour tout un chacun de lui résister et de conserver suffisamment d'énergie physique et mentale pour réaliser ce qui compte vraiment au fond. Je ne suis pas encore assommé par le travail, mais parfois je m'en approche. Cependant, je garde chevillée au coeur la foi en la capacité rédemptrice de l'activité intellectuelle, quelle qu'elle soit. Et je ne m'agenouillerai pas devant les exigences robotisées de ma profession. Conscience professionnelle certes, mais conscience avant tout. Conscience des aspirations qui sont miennes et qui me portent à développer ma curiosité dans de nombreux domaines. Evidemment, ce n'est que la vaine résistance d'un autodidacte qui trouve dans la connaissance et la curiosité les moyens de pallier l'incroyable désintérêt qu'il éprouve envers des pans entiers de sa vie... Hum! Tout cela ne concerne guère l'éventuel lecteur. Ce site n'est pas un skyblog, donc revenons au sujet, un opuscule péniblement lu début octobre.
Umberto Eco raconta un jour qu'il s'était rendu compte d'une chose étrange. Dès que quelqu'un plaçait l'assassinat de Kennedy et les Templiers dans une explication historique, il s'agissait d'une théorie du complot, synonyme de paranoïa et de fonctionnement cérébral pathologique. L'essor d'internet a démocratisé ce genre d'approches depuis quelques années. Entre les lignées d'ADN lézard de David Icke, les délires de Thierry Meyssan, le trésor de Rennes-le-château, la trilatérale, les skull & bones, le champ d'exploration de tout apprenti découvreur de complot est vaste et fertile.
Pourtant prometteur,...
Cette mode, que X-Files avant-hier ou Dan Brown hier exploitèrent, méritait bien une analyse poussée de ses ressorts sociaux, psychologiques et politiques. Véronique Campion-Vincent, auteur d'ouvrages sur les légendes urbaines s'est essayée à pousser la porte du monde fascinant de la paranoïa individuelle et surtout collective...
Et c'est raté. Dommage. Car le projet aurait vraiment pu être passionnant. En 150 pages, avec de nombreuses références à internet, beaucoup d'exemples mais très peu d'analyses, je suis resté sur ma faim. Les délires de David Icke ou la réfutation de la légende de l'abbé Saunières sont les meilleurs passages d'un livre qui en compte peu. Car ils n'éclairent que fugacement un bien terne paysage. Là où on aurait voulu mieux comprendre les mécanismes d'apparition, de développement et de disparition de ces mythologies contemporaines, l'auteur se complait dans la compilation des différentes théories. Citant d'abondantes sources du réseau mondial, elle les collationne telle un wikipédiste amateur. Parfois, quelques traits saillants, quelques pistes de compréhension entr'aperçues, mais le plus souvent une morne description des plus connus des complots.
Une monographie sur ce thème se devait d'aborder les quelques exemples les plus marquants, mais également de les expliquer, voire de les décortiquer jusqu'à ce que leurs ressorts cachés apparaissent au lecteur. Le ton hésite sans cesse entre ironie moqueuse et admiration à peine dissimulée : la capacité imaginative de certains découvreurs-inventeurs de complots est certes admirable, mais elle ne révèle rien ni des mécanismes qui irriguent leurs théories, ni du terreau dans lequel celles-ci se développent. Le défaut de ce livre est probablement son manque d'esprit critique envers certaines théories du complot. Ne pas mépriser son sujet d'étude est une chose, lui complaire en est un autre...
Au niveau analyse, Véronique Campion-Vincent estime que l'hyper scientifisation de notre société appelle le retour à une causalité totale et mystérieuse des ressorts de notre existence, aux limites de la foi, qui permette à l'individu de se réapproprier son rapport au monde. Thématique déjà abordée dans son ouvrage sur les légendes urbaines, bien plus intéressant. Seulement, de ce qui aurait pu constituer le coeur d'une analyse poussée et acérée, elle ne fait qu'une banale conclusion peu etayée. Le caractère mini-encyclopédie des savoirs option "complot" de ce petit livre ne mérite pas qu'on s'y arrête plus d'une soirée. Le plus intéressant peut-être se situe dans les sources, qui permettront au lecteur intéressé de naviguer au plus près des psychoses collectives contemporaines, sans malheureusement disposer des clés d'entrée pour les comprendre et les analyser.
Véronique Campion-Vincent n'a cherché qu'à décrire. Seulement, dans cet exercice, c'est beaucoup trop court. Si je voulais être mauvaise langue, je dirais cependant qu'au vu de la portée et la profondeur de ses analyses, c'est déjà trop long.
Dommage, car son livre sur les légendes urbaines valait un petit détour. Essai manqué!
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Essais
8 novembre 2007
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Ce qu'il y a de bien quand un personnage public effectue sa traversée du désert, c'est que vous pouvez plus facilement le rencontrer. Un ancien Premier ministre, issu d'un vieux pays, était de passage à Lyon en même temps que moi. Rencontre au sommet entre un has been et un never been... Si certains se sont senti autorisés à lui donner une carte de visite ou de lui demander un piston pour l'ONU, je suis resté sobre. J'ai évidemment placé "mon métier n'est pas une vocation". Enfin ça, tout le monde le sait déjà.
Au passage, un des membres de son staff, enfin un staff, je suis gentil, il a deux personnes avec lui, les seuls rats à n'avoir pu quitter le navire, a avoué au passage:"[Pour lui], la situation est sombre, et elle s'assombrit de jour en jour"Désarmant de naïveté et pessimiste en diable le garçon. L'autre par contre espérait un retour rapide dans l'arène. Comme membre éminent de l'opposition à Sarkozy? Je me demande bien si quelqu'un y croit.J'aurais du lui demander si Clearstream était plus proche de l'île d'Elbe ou de Waterloo d'ailleurs. En tout cas, un livre que je n'aurais même pas acheté - je n'apprécie guère Napoléon - si je n'avais pas eu l'occasion de le rencontrer. C'est pas grand chose... mais c'est toujours mieux que les glandus de Bouseville-sur-Sommoise!
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Actualité
7 novembre 2007
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23:44
Le combat sur un blog, c'est de le mettre à jour : non que ce soit désagréable ou que cela suscite une souffrance particulière, mais j'ai placé la barre particulièrement haut. Trop haut sûrement. En quantité notamment (pour chaque livre). Alors, afin d'une troisième fois ressuciter mon blog, j'ai décidé d'un commun accord avec moi-même d'adopter des compte-rendus plus synthétiques. Plus rapides. Parce que je lis beaucoup et que tous les livres ne méritent pas forcément une fiche très détaillée. Notamment les romans. Notamment CE roman.
Gary... songeur.
Romain Gary, un auteur que je pensais apprécier, a écrit ce roman dans les années 70, alors qu'il souffrait déjà du dédoublement de sa personnalité littéraire. Emile Ajar se dirigeait vers le Goncourt et Gary vers une tragique sortie.
Il s'agit probablement du roman le plus difficile à appréhender de toute son oeuvre. L'histoire? Un ambassadeur de France à Rome rejoue la scène anticipée de son éventuelle rencontre préméditée avec la fille d'un pseudo amour de jeunesse, possible fruit de son imagination, au moins partiellement, pendant 500 pages. Vous n'avez rien pigé? C'est normal, rien de clair, rien de certain dans ce livre. La jeune fille, par exemple, est peut-être sa propre mère, peut-être une chimère inventée par un ambassadeur qui commence à sérieusement yoyoter du couvre-chef, peut-être réelle. Les personnages évoluent dans des dimensions contraires en permanence. Le lecteur ne comprend pas ce qu'il se passe, ne sait pas de quoi parle le livre et finit perdu complètement. L'ambassadeur Danthès doué du don d'ubiquité marche dans le salon d'un palais abandonné, passe aussitôt à son bureau romain avant de rêver, ou de vivre, ou d'anticiper son passé ou son avenir, on ne sait pas. L'amour de jeunesse en veut absolument à l'ambassadeur, mais n'existe peut-être pas, création chimérique du personnage central comme (c'est la théorie de l'auteur) la culture est l'alibi chimérique qui sous-tend l'Occident. Evidemment, quand un auteur tente quelque chose d'aussi ambitieux, il joue à la roulette russe. On charge le revolver de plusieurs balles et on prie pour gagner...
Le livre...
Ici Gary a perdu. Car ce qui aurait pu être une formidable destructuration du travail romanesque, un jeu d'écriture de grande portée, un essai sur la culture et la connaissance finit sa course comme le plus vulgaire pensum.
La thèse du livre, l'inutilité de la Culture (avec un grand C) est assénée à grands coups de parpaing, étalée sur des dizaines de pages qui se répètent et semblent articulées avec une truelle. On revit dix fois la même scène, avec d'infimes variations (quelques mots qui changent), sûrement placées là pour montrer que l'ambassadeur rêve ou fantasme et que chaque rêverie est une chimère, ni tout à fait la même, ni tout à fait autre.
Beauté de l'écriture, finesse du style, poésie des mots qui s'entrechoquent diront ceux qui aimeront. Personnellement, j'aime l'usage d'une belle langue, mais quand l'auteur est lyrique à la moindre description d'une tasse de café, ça en devient insoutenable. Et pourtant Dieu sait qu'en principe Gary a du style. Là je trouve qu'il passe vraiment à côté. Ou alors avec 300 pages de moins...
Enfin, s'il s'agit d'un audacieux exercice de style, je le trouve raté : aphorismes verbeux, descriptions pompeuses, artificialité complète des personnages, variations infinies qui ne sont que l'écho d'un vide toujours renouvelé, lenteur qui se transforme en langueur puis en longueurs (au pluriel!)...
Je sais, par recherche personnelle, que certains ont adoré ce livre et y ont vu un chef d'oeuvre. Peut-être n'ai je rien compris? En tout cas je n'ai pas aimé, et ce n'est pas faute pourtant d'apprécier la littérature capable de déconcerter...
Au final, un jeu intellectuel plutôt vain...
PS : si, quand même, magré tout une phrase du livre vaut d'être sauvée :
"Danthes savait en effet que chacun de nous a 2 existences : celle dont il est lui-même conscient et responsable, et une autre, plus obscure et mystérieuse, plus dangereuse aussi, qui nous échappe entièrement et qui nous est imposée par l'imagination souvent hostile et malveillante des autres"
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Classiques français
6 novembre 2007
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19:43
Une question fondamentale taraude les amateurs d'histoire globale : pourquoi sont-ce les occidentaux qui ont découvert et développé le plus amplement la science? Et pas la Chine, les musulmans, les indiens ou même les Aztèques? Qu'est ce qui peut expliquer l'incroyable destinée de cette péninsule de l'Eurasie et l'avance qu'elle a su prendre, à un moment décisif et déterminé, en matière de technique? De nombreux auteurs, dont Braudel, Baechler ou Diamond ont tenté d'esquisser une réponse, qui privilégiant l'approche économique, qui l'approche sociale, qui l'approche environnementale. Théories toujours incomplètes dont le dernier avatar est l'article de Walter Russell Mead dans l'avant dernière livraison d'American Interest, la revue de Fukuyama, où il explique l'essor anglo-saxon par la diversité religieuse qui s'y fait jour aux XVIe et XVIIe siècle.
Le livre
Aucun auteur n'est cependant parvenu à établir qu'il y avait derrière le miracle européen une loi scientifique. C'est ce que cherche à démontrer David Cosandey, physicien, dans cette vaste synthèse de près de 900 pages. Le moins que l'on puisse dire, de mon point de vue, c'est qu'il parvient à rendre un avis extrêmement convaincant et argumenté. Son hypothèse de départ est que pour tout développement scientifique, connu par quatre civilisations mondiales (Europe occidentale, Chine, Inde, Islam) à des moments différents de leur histoire, il y a forcément une élite de scientifiques. La société doit être suffisamment stable pour permettre l'émergence d'une classe de chercheurs qui ait suffisamment de temps et de revenus pour se consacrer entièrement à leurs recherches (cf Diamond et l'approche agricole et environnementale du développement). Cosandey lie cette stabilité à deux facteurs : la richesse - ou au moins la croissance économique (il faut des marchands pour commencer à avoir des mathématiciens et des géographes qui faciliteront les finances, le commerce et la navigation) et la division de l'aire civilisationnelle en entités stables, dont la rivalité, si elle ne doit pas être mortelle, constitue un aiguillon pour les sciences appliquées (physique et mathématiques pour les artilleurs par exemple, la guerre et le prestige devenant les deux mamelles du développement technique). Ces deux facteurs fondamentaux, richesse et division stable, ont toujours été présents aux moments de grand développement scientifique des civilisations : la Chine des huit royaumes ou du XIIIe-XIVe siècle, l'Inde du VIIe siècle, l'Islam de l'âge d'or, l'Europe de la Renaissance et de l'époque moderne. Cosandey développe longuement le destin de ces quatre civilisations, avec force exemples.
Puis, pour aller plus loin, il cherche le facteur favorisant cette division stable/prospérité économique. Seconde thèse du livre : la thalassographie articulée. C'est la présence de multiples îles, d'un trait de côte particulièrement découpé qui serait l'élément ultime de l'explication scientifique. C'est le cas de l'Europe, c'est moins celui de la Chine, encore moins de l'Islam ou de l'Inde. Quelques éléments supplémentaires - climatiques - s'ajoutent alors à ces considérations géographiques et expliquent que certaines zones favorisées en matière de thalassographie n'aient pu s'en sortir (le nord du Canada/Labrador, les Antilles/golfe du Mexique, l'Indonésie...).
Les développements de la Grèce, du Royaume-Uni ou du Japon viennent accréditer cette thèse. Explication très simplifiée : sur un espace limité, découpé, et archipellisé, les grands empires ont moins de chance de s'instaurer et de supprimer toute possibilité de division stable, voire même de prospérité économique. La présence de la mer encourage le commerce qui y a toujours été plus facile, plus rentable et plus massif que par voies terrestres. Enfin dernière thèse, les empires terrestres (mongol, romain, chinois,etc...) lorsqu'ils englobent toute une aire civilisationnelle la précipitent dans une stagnation puis un déclin scientifique, car ils empêchent toute concurrence (un savant ne peut fuir dans une autre cour ; une seule voie de recherche est privilégiée, jusque dans l'échec ; le bon vouloir arbitraire du Prince/Empereur est fondamental et contre-productif) Voilà, vite résumés les traits saillants d'un des livres les plus marquants que j'ai lu cette année. J'ai simplifié à outrance la thèse de Cosandey, mais le livre lui-même comporte plus de nuances et de variations. Ses explications des miracles grec puis européen, de la domination des empires continentaux russe et américain au XXe, de l'arrêt de la recherche/conquête spatiale faute de concurrence, tout comme ses audacieuses réflexions sur notre destin à long terme (l'espace proche où nous ne pourrons nous étendre...) ont au moins le mérite de faire réfléchir sur notre histoire et sur notre devenir. Qu'on soit d'accord ou pas.
Car comme l'indique C.Le Brun, normalien, dans son introduction à Cosandey, le pire pour ce livre serait de rester ignorer : la somme qu'il constitue est un formidable matériau de recherches ultérieures pour les historiens des sciences, les géographes, les sociologues et plus généralement tous les chercheurs en sciences humaines qui pourraient réfuter, amender ou accréditer le travail de David Cosandey.
Un des livres les plus méritoires qu'il m'ait été donné de lire ces derniers temps!
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Essais
25 avril 2007
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18:14
Et si nous avions une femme à la tête de l'Etat? Une question fort à la mode ces temps-ci dans notre pays. La seule à avoir eu un poste extrêmement en vue fut Edith Cresson, ce qui ne reste pas dans les mémoires françaises comme une réussite particulière. Avec Angela Merkel chancelière en Allemagne, ou Hilary Clinton en lutte pour la Présidence des Etats-Unis, la question des femmes au sommet des Etats n'en prend que plus de consistance. Certains, pour en défendre l'idée, arguent d'une supériorité des valeurs féminines dans les sociétés occidentales modernes : compassion, maternité, consensus, protection, douceur...
Au risque de paraître rabat-joie, et sans revenir à Catherine II ou à Elizabeth Ière, les historiens pourront rappeler que la première femme à avoir tenu les rênes d'un grand pays occidental fut Margaret Thatcher, Prime minister du Royaume-Uni entre 1979 et 1990. L'imaginaire collectif français, marqué par la chanson de Renaud "Miss Maggie", par les conseils européens des années 80 et par le retour de flamme des idées libérales, n'a sûrement pas gardé l'image d'une femme pleine de compassion, maternante, consensuelle, protectrice et douce! Margaret Thatcher fut, selon les bons mots d'un parlementaire britannique, le "seul homme de son cabinet". Depuis qu'elle a été chassée du 10 Downing Street par une fronde de ses députés, dix-sept ans se sont écoulés. De quoi laisser l'historien avancer en lieu et place des journalistes, englués dans l'écume des petites anecdotes du quotidien. Jean-Louis Thiériot vient donc de faire publier, aux Editions de Fallois, la première vraie biographie de la "Dame de Fer" (expression imaginée par le journal de l'Armée Rouge et qui finit par la qualifier aux yeux du monde entier) Qui était donc cette Miss Maggie, antithèse vivante des préjugés sur le bénéfice naturel qu'apportent les femmes à la pratique du pouvoir?

La dame de Fer
Née dans un milieu relativement bas dans la société britannique, Mrs Thatcher, ou plutôt Margaret Roberts - son nom de jeune fille -, détonne dans l'histoire du parti conservateur, habitué à placer aux dignités les plus hautes les étoniens, les oxfordiens, souvent issus des anciennes races arisitocratiques. Son père était épicier, monté à la force du poignet jusqu'à de modestes responsabilités politiques locales. Sa mère descendait d'une famille de cheminots. Après une enfance sans problèmes particuliers, elle parvint, de justesse, à intégrer un college d'Oxford et se spécialisa en chimie. En parallèle, elle intégra les groupes conservateurs de l'université où elle fit preuve d'une grande capacité de travail et d'organisation. Dans l'immédiat après-guerre, alors que le parti conservateur cherchait quelques femmes à opposer aux travaillistes, Miss Roberts se fit repérer. Son mariage avec Denis Thatcher, businessman à l'ancienne, lui donna l'impulsion suffisante pour se lancer définitivement en politique. Après deux échecs honorables dans des circonscriptions ingagnables pour les tories, elle parvint à se faire adouber à Finchley et à devenir députée. Nous sommes en 1959. Vingt ans plus tard, elle accéderait au 10 Downing Street.
A la Chambre des communes, rapidement, Thatcher devient une des oratrices en vue de l'aile droite. Le temps n'est pas encore advenu du monétarisme, des privatisations et de la politique thatchérienne. En bon soldat, elle dénonce la politique travailliste mais ne se distingue pas par une théorie, une voie bien particulière. Ce sera un processus particulièrement long. D'abord, elle intégrera le shadow cabinet, et de ce premier banc, se plongera dans la législation travailliste pour la combattre. Placée à diverses positions gouvernementales par les conservateurs, elle se fixe sur l'éducation au moment où Edward Heath, le candidat conservateur, devient Premier ministre. Propulsée à la tête d'une administration particulièrement étatisée, difficile à manier - comme en France - , elle tente des réformes. Seulement son style autoritaire, décidé, non concerté, manichéen, s'adapte mal à la logique de l'Education. Elle rentrera bien vite dans le rang après avoir supprimé les distributions gratuites de lait aux enfants, décision symbolique qui lui aliénera la presse et l'opinion. En elle-même, la décision était peu importante budgétairement, mais elle lui enseignera une chose : ne pas risquer son crédit sur des détails...

Les victoires
L'Angleterre des années 70, il est parfois bon de le rappeler, vit une crise sans précédent. Inflation à deux chiffres, chômage en hausse constante, productivité faible, croissance lamentable, blocages syndicaux très nombreux et violents... Le gouvernement conservateur Heath s'effiloche peu à peu et finit par perdre les législatives face aux travaillistes en 1974. Heath sera mis en minorité à la fin de l'année par l'aile droite, partisane d'une refondation de la politique conservatrice. C'est Margaret Thatcher qui prend le contrôle du parti et devient le leader de l'opposition. Les gouvernements travaillistes de Wilson et de Callaghan n'arrivent à rien... L'hiver 78-79 voit des grèves à répétition, un chaos social se mettre en place. Avec un programme prudent mais déterminé, Margaret Thatcher emmène les conservateurs à la victoire. Pour trois mandats, Mrs Thatcher gouvernera le Royaume-Uni
Lors du premier mandat, elle se contentera d'appliquer une politique proche du monétarisme : contrôle de l'inflation, liberté des changes, dénationalisations très partielles et progressives, baisses d'impôts. Les résultats sont catastrophiques : l'inflation ne faiblit pas, l'économie continue sa chute. Les conservateurs exigent un retournement de politique. La chance de Thatcher, ce sera l'initiative virile et intempestive d'une poignée de militaires argentins. En envahissant les Falkland, ses 1600 habitants, ses 60 000 moutons, les argentins vont donner de l'air au gouvernement Thatcher. La nation galvanisée par ce combat contre une dictature va se mettre derrière la Prime minister et le rapide succès des britanniques contre la junte argentine donnera le sursaut de popularité nécessaire au cabinet. En plus, la situation économique s'arrange au cours de l'année 1983. Les travaillistes ratent leur campagne et les conservateurs l'emportent largement. Le second mandat, marqué par des dénationalisations, une politique d'accession à la propriété pour les classes moyennes et un développement sans précédent du secteur financier de la City, sera un succès politique et économique. Il sera aussi le moment où elle brisera la puissance syndicale : après avoir détricoté les droits syndicaux au cours du premier mandat, elle écrasera méthodiquement les mineurs en grève. Ceux-ci, qui portent une responsabilité certaine dans leur propre échec, par leur trop grande violence notamment, ne seront plus à mêmes, passé 1984, de s'opposer. En 1987, elle sera réélue largement. Le troisième mandat sera celui de la chute. Son autorité se transforme en autoritarisme : elle veut remplacer les impôts locaux par une taxe unique payée par chaque personne (325 livres). Le caractère scandaleusement injuste de cet impôt choque tout le milieu politique et médiatique. Elle s'entête tellement qu'une fronde menée par un ancien ministre de la défense viré suite à une affaire de ventes d'hélicoptères, parvient à l'abattre.

Inséparables
Depuis 1990, elle hante (de moins en moins il est vrai), les cénacles conservateurs et s'enferre dans une attitude de plus en plus extrême qui ne lui fait pas honneur. La vraie question intéressante est celle de son bilan. Thiériot, libéral, ne cache pas la sympathie qu'il porte à Mrs Thatcher. C'est à la fois l'atout et le défaut de ce livre. Il est difficile, pour des raisons idéologiques, de dresser un bilan de l'action thatchérienne, tant les avis sont contrastés à son encontre. Ce livre tente l'équilibre et rappelle certaines réalités trop souvent oubliées : elle ne privatisa ni British Rail, ni le NHS (système de santé). Le sous-investissement que sa politique d'économies budgétaires entraînait mécaniquement la place selon moi néanmoins comme une des responsables des difficultés de ces deux secteurs. Mais elle n'est pas la seule, les questions étant trop complexes pour être traitées ici. Au niveau économique, elle fit passer une société industrielle en crise à une société tertiaire, financiarisée. L'apport économique est réel. Mais les coûts sociaux engendrés ont trop souvent été sous-évalués par Thatcher elle-même. Au plan des affaires étrangères, son opposition à l'URSS et son alliance avec Reagan ont contribué à accélérer la chute du communisme. Mais ils ont aussi resserré les liens diplomatiques et militaires entre les deux rives de l'atlantique, aux dépens de l'Europe. Le Royaume-Uni d'aujourd'hui, attirant, moderne, dynamique n'aurait jamais pu être sans Mrs Thatcher. Sa réussite globale cache cependant d'immenses lacunes, dans les services publics et dans la condition sociale des plus pauvres. John Major, et surtout Tony Blair, ne mettront pas en cause l'héritage thatchérien, mais l'adouciront, l'infléchiront. Cela n'empêche pas le lecteur de refermer ce livre en pensant que le Roayume-Uni d'aujourd'hui est encore celui de Madame Thatcher. Et ce pour longtemps encore.

PS : un défaut irritant dans ce livre, l'absence probable de relecteurs à l'oeil avisé. De nombreuses fautes de frappe, d'accord des participe passé, mais aussi des erreurs factuelles entachent à mon sens le professionalisme de cet ouvrage : une coupe du monde de foot en allemagne en 1988 (?), la mort de Reagan en 2002 (alors qu'il est décédé en 2004), où la mention d'un Président Helmut Schmidt (Chancelier eût été correct). Sinon, le livre se lit très bien, l'auteur a une belle plume et il est agréable de voir figurer quelques mots et expressions littéraires.
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Histoire