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Biblio-Infinie

  • : biblio-infinie
  • : Un blog destiné à faire partager mes lectures. Plongée dans une bibliothèque infinie... Romans, essais, livres d'histoire, économie, philosophie,...
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C'est quoi ce blog?

Biblio-infinie, un micro blog sans prétention aucune (comme le titre l'indique si bien)... et où je commenterai sans compromission ce que je lis! Fonctionne en courant alternatif selon mes disponibilités (je ne commente en fait que quelques lectures, choisies selon des critères complètement aléatoires et variables).

Littérature, histoire, essais, bref des recensions au fil des lectures... Peu de place cependant au buzz  et aux sorties à la mode. Il existe suffisamment de promoteurs dans les médias pour que je n'agglutine pas ma voix au concert des épiciers.

Place aux avis d'un citoyen aspirant "honnête homme" (c'est moi!), pur produit de notre beau système universitaire français qui fonctionne si bien, que le monde entier nous envie, qui forme tant de grands esprits et tout, et tout, et tout...

Bonne lecture!

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6 décembre 2007 4 06 /12 /décembre /2007 19:38
Je continue à lire avec frénésie et parviens à mettre à jour ce blog fréquemment. J'ai remarqué en passant en version 2.0 récemment, que je pouvais accéder aux statistiques détaillées des visiteurs de ce site. Et que depuis deux semaines, les requêtes Google menant à mon blog se composaient principalement de références aux Aventures de Télémaque de Fénelon. D'abord surpris, j'ai regardé plus en avant la nature des recherches : j'ai compris. De nombreux lycéens, ou étudiants, ont l'air d'avoir un commentaire détaillé à faire sur Mentor, sur Télémaque, sur certains chapitres du livre, et plus largement sur Fénelon. Etant un des rares à avoir lu cet auteur pour mon plaisir, étant un des rares internautes à en parler, Google mène forcément à biblio infinie si on fouille un peu. C'est très drôle. Si l'un d'entre eux me lit : je suis un simple amateur, cherchez un peu par vous-même, c'est là le plaisir de la littérature, chaque lecteur peut trouver sa voie. Et je ne voudrais pas qu'un professeur de littérature pointilleux vienne me faire des remarques ici! Ceci dit en toute ironie évidemment. Revenons au sujet du jour.


La vie de Winston Churchill se déroula comme un formidable roman d’aventures dont il fut le principal metteur en scène. Le Premier ministre des heures les plus sombres de l’histoire britannique fut également un mémorialiste de talent et laissa pour la postérité une abondante œuvre écrite. Ecrits journalistiques, témoignages, travaux d'historien et mémoires constituent l'essentiel de son oeuvre qui compte néanmoins un roman. Churchill admettait à son sujet, fort modestement, qu'il avait toujours déconseillé à ses amis de le lire! On espère qu'il ne fit pas de même avec ses mémoires de jeunesse. Récompensé par le Nobel de littérature en 1953, Churchill construisit d'abord sa notoriété par ses récits impériaux. Aux quatre coins de l’Empire "sur lequel le soleil ne se couchait jamais", des montagnes glacées de l’Afghanistan aux déserts brûlants du Soudan, de la bataille d’Omdurman à la chute de Pretoria, Churchill court, galope, navigue, toujours en mouvement, à la recherche de l’aventure et de l’action. Comme tant d’autres direz-vous. Sauf que ce bonhomme là parvint à réunir trois qualités rarement jointes : une plume acérée, vive et ironique, un esprit porté à l’action et à la réflexion, un destin hors du commun. Si l’on ajoute à ces qualités, un don de propagandiste qui fit rapidement de lui une célébrité et lui assura une carrière politique, on a une idée plus juste du personnage et de son ascension.


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Ces mémoires constituent la première manche de celle-ci. Il revient sur ses années d’enfance, d’éducation et d’armée, jusqu’à ses débuts au Parlement. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne tient pas en place : présent dans tous les conflits des années 1895-1900, il les traverse avec beaucoup de chance – on ne compte plus les coups du destin qui l’épargnèrent au bon moment, dans une charge de cavalerie ou dans une fusillade – et d’intrépidité. Le lecteur se prend à ce récit d’aventures à l’ancienne qui fait même penser à certains moments aux premiers albums de Tintin, cette course effrénée et permanente. Le récit de sa capture par le futur général, et héros boer, Louis Botha, et celui de son évasion rocambolesque de Pretoria vers Lourenço Marques (distantes de 500 kilomètres) constitue un moment de bravoure particulièrement agréable à lire. On vibre avec Churchill au son des canons et des trompettes de la renommée qui ne tardèrent pas à l'accompagner. Fils d'un ministre éphémère et politicien malchanceux, Churchill parvint rapidement à dissiper l'ombre que celui-ci pouvait porter sur sa carrière. Et pourtant, rien n'était joué. Elève médiocre au sein de collèges prestigieux, il ne trouva sa voie que dans la cavalerie, et la pratique du polo. Faiblement instruit comparé aux autres hommes politiques, passés par l'université, c'est dans l'action qu'il se forma. Présent en Inde, cherchant l'aventure au risque de sa propre carrière, sa première campagne (Malakand) fut l'occasion pour lui de gagner en notoriété. En effet, une rencontre heureuse lui permit de devenir correspondant de guerre et de mener une double carrière : officier de cavalerie et journaliste. Ses dépêches le firent connaître et il sut habilement en profiter en les intégrant dans des ouvrages grands publics. Guère fortuné, il s'assura ainsi le maintien de sa coûteuse carrière d'officier de cavalerie (l'entretien des chevaux coûtait fort cher).

Churchill-large.jpgLe vieux lion en majesté... loin de son aventureuse jeunesse

Après ses aventures indiennes, il fit tout ce qui était en son possible pour rejoindre l'expédition de Kitchener. L'histoire est aujourd'hui oubliée, mais le Soudan de l'époque, dirigé par un prophète, le mahdi, avait infligé aux anglo-égyptiens une grave défaite quelques années auparavant. Le général Gordon y avait trouvé la mort et les britanniques n'eurent de cesse de se venger. Enfin accepté par Kitchener, Churchill commanda un escadron de cavalerie lors de la dernière charge montée de l'histoire militaire britannique. Il échappa ici comme ailleurs d'assez près à la mort. Il narre ainsi le destin de celui qui prit sa place au sein du 2e de cavalerie. Churchill, arrivé en retard suite à sa longue négociation avec Kitchener, avait en effet laissé le poste qu'il aurait dû occuper à Robert Greenfell. Ce dernier, comme l'essentiel de sa troupe, trouva la mort sur le champ de bataille. L'esprit vagabond et rêveur se prendra à imaginer le destin de l'Angleterre, et du monde, si Greenfell n'avait pas occupé le rang de Churchill à Omdurman...

Il quitta ensuite l'armée, et tenta de profiter de sa notoriété pour se faire élire député. Défait par les libéraux, il rejoignit les troupes britanniques en pleine guerre des Boers. La réduction des riches enclaves afrikaners en Afrique du Sud occupa son existence quelques temps : prisonnier, évadé, il acquit à l'occasion une célébrité définitive. Quelques tournées de conférences plus tard, le voilà élu à la Chambre des Communes et prêt à entamer une seconde partie d'existence aussi riche que la première. Le lecteur en vient d'ailleurs à regretter de ne pas pouvoir lire la suite...

Évidemment, les mauvais esprits diront que Churchill, en se racontant, se mettait en valeur pour des motifs politiques et égoïstes. Certes. Mais quel homme politique doué ne le ferait pas ? Parfois on sourit des avis tranchés de Winston sur son environnement, d’autres fois, on se demande s’il ne se met pas un peu trop en valeur. Néanmoins, ces petits doutes n’enlèvent rien au plaisir qu’on ressent à lire cette ébouriffant récit de jeunesse. L’Empire a bien changé, constatait Churchill lors de la rédaction de ce livre (1930). Il avait alors 56 ans et sa carrière politique déclinait. Le lecteur moderne remarquera que la société que Churchill regrettait, qui n’était déjà plus la sienne au temps de son apogée, a sombré depuis dans l’oubli, comme l’ensemble de l’époque coloniale, dans la juste réprobation qui entoure l’aventure impérialiste du XIXe siècle. Homme d’une époque révolue, il fut cependant, au carrefour de l’histoire britannique, l’homme qui cristallisa et symbolisa la résistance insulaire anglo-saxonne aux ambitions nazies. Cela, Churchill ne le savait pas encore en rédigeant ces mémoires. On admire plus encore la prescience de certaines affirmations sur le destin de la guerre, de l’Europe ou de l’Empire. On est également confondu devant ces coups du destin qui lui permirent d’échapper aux balles des guerriers afghans, des fanatiques soudanais et des combattants boers. Et qui changèrent à n'en point douter le destin du monde.

En résumé, un agréable récit des temps anciens, aventureux, drôle, bien emmené. Le lecteur sait que tout n’est pas forcément exact, que certaines situations sont probablement arrangées, que le rôle que s’attribue Winston est plus important que celui qu’il a joué (encore que, perce ici ou là quelque modestie), mais quel plaisir à la lecture ! Cela suffit amplement…
Une lecture indispensable.
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commentaires

C
Fini il y a quelques temps déjà, j'ai beaucoup aimé. :-)Que rajouter à ta fiche ? Un humour rafraichissant (la première leçon de latin, ou bien plus tard, quand il achète ses billets de train pour partir sur le front dans le Nord de l'Inde), et un mélange de candeur parfois mêler de cynisme: Il ne semble pas accabler de scrupules à détruire les maisons, combler les puits et brûler les récoltes des "bandits" afghans, mais il est beaucoup plus sévère envers le comportement des Britanniques en Afrique du Sud.À noter qu'un de ses anciens ennemis Boers deviendra un membre éminent de son cabinet de guerre: Jan Smuts.
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C
Reçu aujourd;hui (en VO), je te dirais. ;)  Cat
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